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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Squat éhonté

Spot secret, 13h.

Malgré des prévisions plutôt pessimistes côté houle, le soleil seul avait suffit à me donner envie d'aller voir à la plage si j'y étais. Craignant la foule de touristes en vacances, j'avais jeté mon dévolu, une fois de plus, sur une plage ultra secrète, presque pas indiquée par des panneaux le long de la route.

En arrivant sur place, je ne suis pas pressé de constater les dégâts. Et pourtant, un bruit sourd par delà la dune réveille un enthousiasme que je croyais endormi pour la journée. Arrivant en vue de la mer, je tombe sur une série qui passait par là. 40 cm à tout péter mais propre. Juste assez pour sortir l'Evo.

A 400m de là, aux crevettes, il y a plus de mecs à l'eau sur l'unique peak que de morpions dans le slip d'un clodo. Sur certaines vagues, on peut voir jusqu'à six gusses tenter un take-off côte à côte, fesses en arrière et mains tendues devant eux en attendant de se rentrer les uns dans les autres. Du grand spectacle! De l'autre côté, à la guérite, c'est noir de monde pareil. En face de moi, il n'y a littéralement personne à l'eau!

Décidément, je ne comprends pas le surfeur de base... La visibilité est telle sur ce bout de côte qu'il est facile de voir quand un peak fonctionne à 2kms à la ronde, et tout aussi facile de constater que le susdit peak est désert, alors pourquoi se fait-il que l'homo-surfitus moyen s'acharne ainsi à s'agglutiner en dépit du bon sens? Méditant ces pensées, j'enfile ma combi avant de sortir l'Evo de sa chaussette et de me mettre à l'eau.

En attendant une vague assez grosse pour trainer ma bidoche, je me prélasse au soleil, assis sur mon fidèle flotteur. Tout est calme...

 

Tout est TRÈS calme...

 

Rapidement, je dois me rendre à l'évidence: la série que j'ai vu passer au moment de checker les conditions était probablement la seule série de la journée à atteindre ce petit bout de plage.

Après un quart d'heure d'attente et deux malheureuses tentatives de glisse qui se sont terminées en moustache sous le regard amusé des plagistes, je commence à lorgner avec envie sur l'unique peak des crevettes: il y a des mecs debout sur leurs planches. L'un d'entre eux envoie même des virages assez serrés pour laisser penser qu'il est en shortboard. A vue de nez, il y a une bonne hauteur de hanche dans les séries, et celles-ci n'ont pas l'air aussi espacées qu'ici.

D'un coup, je commence à mieux comprendre la densité de population du côté de ce peak là. Et comme l'homo-surfitus moyen, je suis soudain pris d'une furieuse envie d'aller, moi aussi, m'y agglutiner. Perdu dans mes pensées, je remarque à peine qu'un groupe compact (manifestement une école de surf) quitte soudain la place, laissant derrière eux un grand vide et de la place pour surfer. Ni une, ni deux, j'abandonne là ma dignité et file vers le sud procéder à un squat éhonté, au détriment des surfeurs déjà sur place et qui se seraient certainement passés de ma présence.

Je le sais, je ne représente pas une menace pour les longboarders qui partent une bonne dizaine de mètres au dessus. Je me contente donc de me placer de sorte à ne pas gêner leurs trajectoires. Sur la même ligne que moi, en revanche, il y a un fish et un shortboard qui attendent, eux aussi, les plus beaux morceaux dans l'espoir de shredder un peu. Dernier arrivé, je me place de sorte à montrer que je n'ai pas l'intention de prendre de vagues avant eux.

Une première série arrive: bingo! Ils prennent leur vague et le lineup se met à tourner. Je me retrouve naturellement en position d'attraper la prochaine pente. La houle de sud-ouest nous amène presque exclusivement des gauches qui viennent dérouler en diagonale de la plage tout en poussant la masse d'eau vers le nord. Je décolle sur un morceau de belle taille, mais un peu mou. Après un bottom poussif, je plante ma carre tribord comme si j'allais envoyer de la flotte jusque dans la stratosphère, sauf que je plane à peine. La sentence est immédiate: ma planche s'arrête net et je tombe sur le dos comme un débutant.

Le temps d'ajuster mon placement (ainsi que l'agressivité de mes manoeuvres) aux conditions, et j'enchaîne quelques vagues sympathiques. Au moins, je ne suis pas venu pour rien. Certains morceaux se reforment jusqu'au bord et finissent en shore-break sur les galets, trop affamé pour me comporter intelligemment, je termine plusieurs vagues avec de l'eau à peine plus haut que les chevilles. Chaque fois, je réalise ma connerie et inspecte dérives et inserts à la recherche d'une avarie, avant de refaire la même cinq minutes plus tard...

A l'heure de reprendre la route, je n'ai aucune difficulté à me faire ramener jusqu'à mon parking par le courant. Après une heure passée à ramer contre lui, c'est une satisfaction intense de le laisser faire le taf à ma place, pour une fois. Bilan de la session: un spot pépère qui ne marche pas, et un peak blindé où tout le monde s'amuse.

Une preuve supplémentaire que je suis loin d'être plus futé que les autres.

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C
Compliqué a la guerite les series fermaient vite , les crevettes donnent plus de jus a voir si ça peut etre un atout quand c'est microscopique comme ça.
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