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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Quiver = Quiver + 1

Ça y est, elle est arrivée!

Samedi matin, alors que j'étais sorti chercher le pain, je passai tout à fait fortuitement devant l'atelier de mon shaper préféré suite à un détour totalement involontaire d'environ 40 km. Après avoir dûment fustigé mon piètre sens de l'orientation, je décidai de faire contre mauvaise fortune bon cœur et de rendre à ce dernier une visite de courtoisie, ne serait-ce que pour me rappeler à son bon souvenir.

Une fois poussée la porte de l'atelier devant laquelle le hasard m'avait fait stationner mon quivermobile, je m'enquerrai de la situation auprès de son occupant: "Salut, j'étais dans le coin et je passais voir si tu avais eu le temps de commencer à bosser sur ma commande?". Il faut dire qu'en mai dernier, il m'avait annoncé une livraison "vers septembre". Étant le 7 du susdit mois, il me semblait donc tout à fait légitime de commencer un travail de harcèlement en bonne et due forme. Sa réponse m'épargnai toutefois cette peine: "Ah ben justement, je l'ai finie pas plus tard que hier! C'est un sacré hasard que tu sois passé aujourd'hui!"

En effet, et un sacré hasard aussi qu'il y ait justement une housse vide dans le coffre de mon camtar et que mon banquier vienne à l'instant de transférer le contenu du PEL de mon fils sur un compte chèque... Comme quoi, des fois, le cosmos nous place là où nous devons être au moment où nous devons y être.

Bref, le temps pour lui de faire quelques photos car, de son propre aveu "C'est pas tous les jours que je fais une planche pareille", et je pourrai embarquer le précieux butin avec moi. Parce que oui, c'est un vrai trésor! A tel point qu'elle arbore fièrement l'écusson "gold-label" implanté entre ses inserts de dérive. Il faut dire que l'artiste a mis les petits plats dans les grands: Pain de polystyrène recyclé, résine epoxy bio-sourcée à 50%, toile de lin à la place de l'habituelle fibre de verre... J'ai même choisi des dérives faites avec des filets de pêche recyclés! C'est pas une planche que je me suis offerte, c'est un alibi pour traiter avec mépris les autres méchants surfeurs pollueurs. La réalité est certes un peu plus complexe que ça, mais quand on fait partie comme moi des consommateurs-gaspilleurs bien-pensants, on se satisfait amplement de quelques idées reçues.

Pour l'artisan, en revanche, c'est une autre came. Lui qui a choisi de se différencier de la concurrence par une approche éco-responsable de sa production, ce type de commande lui offre une opportunité (encore trop rare) d'ajouter une référence à sa galerie et d'appuyer son engagement. Ce n'est, hélas, pas tous les jours qu'il met la main sur un pige... un client prêt à faire l'effort financier nécessaire pour s'offrir un modèle susceptible d'apaiser sa conscience écologique, et beaucoup de candidats potentiels font marche arrière lorsqu'ils arrivent en bas du devis.

C'est d'ailleurs exactement ce qu'il me confirme lorsque, à l'issue d'une courte promenade destinée à lui laisser le temps de prendre les fameuses photos, je repasse pour récupérer ma planche: "Les clients n'arrêtent pas de me demander depuis deux semaines si elle est à vendre..." (tiens, je croyais qu'elle avait été terminée hier! On m'aurait menti?) "...Comme je leur dis que non, ils me disent 'ben alors je veux la même', mais quand ils apprennent le prix, il répondent 'finalement, je vais en prendre une toute blanche', tu vois le genre?". Évidemment que je vois le genre. C'est quand même moi qui vient de vendre un rein pour lui faire son chèque! Enfin, blague à part, il convient de replacer les choses dans leur contexte: même en finition "gold", cette planche ne coûte pas significativement plus cher qu'une Firewire estampillée "Tomo" ou "Slater" fabriquée en indonésie. Chacun y verra donc midi à sa porte.

En tout cas, cela me fait plaisir à la fois de posséder un objet d'exception à l'esthétique avantageuse (le lin donne véritablement un côté vintage du meilleur goût), et d'offrir à un artisan passionné une occasion d'exprimer son talent et ses engagements écologiques. D'ailleurs, une fois n'est pas coutume, je vais me permettre de nommer celui que certains de mes habitués auront déjà reconnu: il s'agit évidemment de FX Vince, dont l'atelier trône à quelques mètres au dessus des falaises de la côte sauvage. Je ne pense pas trahir ma neutralité éditoriale en exprimant la vive satisfaction que je retire de nos échanges et de la qualité de son travail (pour ce qui est du shape, on verra plus tard: je n'ai pas encore pu l'essayer!). D'autant plus que, ignorant jusqu'à l'existence même de mon blog, le bougre ne m'a pas proposé la moindre remise commerciale en échange de mes compliments! (Quand je vous dis que ça ne sert à rien d'être un influenceur quand on ne s'appelle que Tim Quart-de-chieur...).

Mon précccccieux enfin récupéré et amoureusement déposé dans un emplacement dédié (libéré depuis plusieurs mois déjà) au sein du quivermobile, emplacement dont j'oublierai d'ailleurs malencontreusement de l'en retirer lorsque je me rendrai quelques heures plus tard à une soirée au cours de laquelle mes potes surfeurs ne manquèrent pas de vouloir y jeter un oeil (je vous jure, le hasard, des fois!), je me remis en route vers mon quiverstatique (ma maison quoi).

De retour chez moi, je ne manquai pas de contempler à nouveau les courbes sensuelles de la belle, tout en essayant de me projeter dans l'éventualité d'une session qui, hélas, ne semble pas imminente. D'une part parce que mon état de santé me l'interdit, et d'autre part parce que ce shape a été conçu pour des conditions rares. En effet, loin de moi l'idée de commander un clone de l'Evo ou de la Cymatic. Je m'estime déjà parfaitement équipé pour les sessions situées entre "bof bof" et "youpi". En ajoutant une planche à ma collection, je souhaitais un shape qui me permette de tirer le meilleur de vagues presque parfaites, comme on n'en trouve que quelques jours par an. Le genre assez creux pour que le large tail de la Cymatic et son rocker tendu deviennent des handicaps.

Je savais, en tirant les cotes à la baisse (6'1" et 34 litres, c'est vraiment la limite basse quand on a mes mensurations: 1m85 / 90kg) qu'il faudrait de putains de tracteurs pour m'arracher de la surface de l'eau. Alors en attendant que cela se produise, je n'ai que la satisfaction visuelle d'une planche aux dimensions harmonieuses à contempler. Et comme je sais que les mots ne suffiront pas à la décrire (et que c'est ce que vous attendez tous, bande de petits voyeurs), cette fois n'est décidément pas coutume et je me décide enfin à poster la toute première photo de ce blog qui aura bientôt 1 an:

Quiver = Quiver + 1

Alors quoi? Vous pensiez la voir nue, bande de petits pervers? Je ne suis pas comme ça! J'ai pris soin de l'habiller d'un pad mêlant élégance et distinction, et de la maquiller d'une subtile couche de wax, avant de la livrer aux yeux de tous. Votre imagination fera le reste.

A défaut de pouvoir la surfer, je m'empressai en revanche d'inonder les messageries de mes amis de photos de ma nouvelle planche. Surtout celui qui revient de longues vacances en Guadeloupe et au cours desquelles il n'a pas manqué de me torturer avec des photos de gauches parfaites. Alors si je peux étaler un peu de mon propre bonheur sur l'amertume de son retour aux tracas du quotidien, c'est toujours ça de pris.

Et oui, on a beau avoir un bras dans le sac et des potes malveillants, il y a toujours moyen de trouver de petits plaisirs simples et mesquins dans la vie!

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C
c'est dommage car aujourd'hui tu aurai peut être eu l'occasion de tester la bête sur la côte so...
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U
Tu ne crois pas si bien dire... Article en cours.
D
Sobre et élégante, j'adore. Bel artiste, Vince.
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A
Bon allez ok je me dévoue ... Je veux bien l’essayer pour toi demain matin vu que tu as le bras dans le sac ;-))))
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U
Quel sens du sacrifice! C'est beau.
O
Belle !
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U
Le plus dur c'est de résister à l'envie de la sortir de sa housse trois fois par jour pour la regarder :-D