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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Lexique, volume 2

Voici, sans équivoque ni transition, la suite du petit lexique plébiscité par tant de lecteur.trice.s!

Les vagues

Houle: On désigne par "houle" l'ondulation caractéristique créée par l'action du vent à la surface de l'océan, et qui se propage en direction de la côte en suivant une direction, une longueur d'onde et une intensité précises. Cette définition n'est pas amusante? Il y a des sujets avec lesquels on ne plaisante pas!

Vague: Lorsque l'énergie accumulée sous forme de houle rencontre un obstacle (récif, plage, épave de SUP immergée...) elle donne naissance à des vagues. Ne pouvant plus se déplacer librement vers l'avant, l'onde se redresse, soulevant avec elle une masse d'eau plus ou moins conséquente qui viendra s'abattre sur la tronche de l'innocent surfeur situé en dessous.

Offshore: Se dit lorsque le vent souffle depuis la terre et en direction de la mer. Cette configuration atmosphérique présente un double avantage puisqu'en plus d'aider les vagues à se creuser pour le plus grand bonheur des surfistes, elle a tendance à nettoyer le spot de tout occupant illégitime (matelas gonflables, radeaux pneumatiques et autres amateurs de voile légère) venus polluer les séries de leur présence adipeuse, en expédiant ces derniers pour un aller simple vers les états-unis.

Onshore: Se dit lorsque le vent souffle depuis la mer et en direction de la terre. Cette configuration atmosphérique présente une double avantage puisqu'en plus de faire de n'importe quelle houle un trésor pour amateur coprophage, elle a tendance à nettoyer le spot de tout occupant légitime (surfiste, bodyboarder, SUPiste), en décourageant ces derniers de se mettre à l'eau.

Série: En général, les vagues arrivent par paquets de cinq, comme mes doigts dans la gueule de ceux qui me font chier. C'est ce qu'on appelle une série. Ensuite, il y a une pause. Enfin en ce qui concerne les vagues... Parce que mes doigts, eux, ne sont jamais en vacances.

Lèvre/crête: Avant de s'écrouler sur elle même, la vague se dresse. On appelle "crête" ou "lèvre" la partie haute de la vague qui est sur le point de basculer dans le vide. Tout surfeur qui se respecte se doit d'aller chercher le plaisir au contact de la lèvre et, si possible, d'y envoyer une petite giclette en y plantant son tail... Quand on vous dit que c'est un sport d'obsédés!

Bowl/poche: Juste en dessous de la lèvre se trouve la partie la plus creuse de la vague, où seuls les braves osent s'aventurer. C'est là que la mort rode autour des inconscients venus y chercher la toute puissances des éléments.

Tube: Parfois, le bowl est tellement creux que la lèvre se retrouve projetée vers l'avant. Lorsque cela se produit, il se forme un tube aux parois humides dans lequel tout surfeur rêve de pénétrer le plus profond possible. "Balls deep" comme ils disent dans les films pour adultes.

Écume/mousse: Qu'elle soit partie en tube ou qu'elle s'écroule mollement sur elle-même, la lèvre finit toujours par frapper la surface de l'eau avec plus ou moins de violence. Il en résulte des remous, de la mousse et tout un tas de phénomènes hydrodynamiques qui, bien que fascinants du point de vue de la mécanique des fluides, n'intéressent pas le surfeur moyen. En effet, l'écume/la mousse signifie pour lui la fin des réjouissance, car elle n'offre pas les propriétés adéquates pour exécuter les figures les plus radicales. Par atavisme, le surfeur n'apprécie donc la mousse qu'au bistrot, avec les copains. Il existe toutefois une exception à cette règle: les stagiaires des écoles de surf à qui leur moniteur sadique a fait croire en dépit du bon sens que c'était l'endroit idéal pour débuter, et qui s'ébattent pendant des heures dans ce magma instable tout en essayant sans grand espoir d'y trouver leur équilibre. Les pauvres ne se doutent même pas qu'à quelques mètres de là, ils pourraient accomplir des progrès fulgurants sur de petites vagues lisses et faciles, lesquelles sont en général squattées par les initiés qui se réjouissent à l'idée que 90% des bizuts laisseront tomber le surf à la fin du stage, dégoûtés par leur expérience.

Barre: Avant d'atteindre la zone où les vagues déferlent, il faut traverser celle où les vagues se sont déjà changées en une mousse qui repousse vers la plage, et avec un acharnement pervers, les surfistes qui tentent de la franchir. On appelle cette zone "la barre", et plus la zone est étendue et la mousse puissante, plus on dit que la barre est "grosse". A l'inverse des plateaux de tournage située en Europe de l'est, on préférera donc sur un spot que la barre soit la plus petite possible. Dans les pires conditions, le franchissement de cette dernière peut constituer un exploit en soi, dont l'accomplissement nécessite plusieurs dizaines de minutes d'efforts acharnés. Face aux éléments, le surfiste se sent alors impuissant. Tel le nain devant un urinoir, il lui arrive parfois de penser "la barre est placée trop haut" et de baisser les bras. Comment pourrait-on le lui reprocher, sachant par ailleurs que le fait de surfer une vague implique le risque potentiel de se retrouver à nouveau du mauvais côté de la barre? On comprend également mieux pourquoi tant de surfistes meurent d'hypothermie au cours des plus grosses sessions hivernales, après avoir franchi la barre au prix d'effort surhumains et attendu plusieurs heures au large sans prendre une vague de peur de devoir tout recommencer.

Dérouler: Contrairement aux idées reçues largement véhiculées par les médias les plus sérieux (ce qui inclut, mais pas seulement, le dernier épisode des Totally Spies et toutes les scènes littorales de la Pat' Patrouille), une vague ne se surfe pas en allant tout droit vers la plage... Enfin si, c'est ce que font les cooks, mais c'est justement pour ça qu'on les méprise. Afin de maximiser le temps de glisse, de générer un maximum de vitesse et de multiplier les opportunités de figure, le surfeur va au contraire chercher à évoluer parallèlement à la plage, chose rendue possible par le fait qu'une (bonne) vague se dresse et s'abat de manière progressive. Observé depuis la plage, le déferlement part donc d'un point central et se propage des deux côtés de la vague avec une vitesse plus ou moins élevée, et de façon plus ou moins régulière. Dans le jargon scientifique, on appelle cela "dérouler". Une vague qui "déroule sa mère" bénéficiera donc d'un déferlement net et régulier qu'il sera facile d'exploiter, même pour les surfeurs les plus médiocres.

Fermer: A contrario, lorsque la crête d'une (mauvaise) vague s'abat rapidement et sur une grande distance, ou qu'elle déferle simultanément en plusieurs points, barrant ainsi la route au surfeur qui tentait d'évoluer parallèlement à la plage, on dit que la vague "ferme". On reconnait un bon surfeur à sa capacité à générer assez de vitesse pour s'extraire de la zone de déferlement de la vague avant que celle-ci ne l'enferme. On reconnait un surfeur moyen à sa capacité à survivre en apnée une fois que la vague l'a enfermé. On reconnaît un mauvais surfeur à sa capacité à rester à terre lorsque ça ferme.

Section: Lorsqu'une vague est en train de dérouler, on appelle "section" la zone en perpétuel mouvement sur laquelle la vague se dresse avant de déferler. Le but du surfeur étant de suivre la susdite section à mesure que le déferlement progresse. C'est donc un endroit sacré où il n'y a de place que pour un seul surfiste. Aussi, si plusieurs d'entre eux s'y trouvent simultanément, il y a altercation. On parle alors de Sexion d'assaut: les opposants se clashent en slammant des paroles improvisées, si possible sans queue ni tête, et le perdant doit céder la place en répétant "j'vais m'balader, j'vais m'balader, j'vais m'balader, aux champs Élysées".

Inside: Il s'agit d'une indication géographique relative au surfeur lui-même. Tout ce qui se trouve sur la partie de la section située entre un surfeur et le bowl est, par définition "à l'inside" par rapport à lui, et doit être traité avec déférence. Le reste ne mérite que son mépris. C'est un peu comme avec les bretons: tout ce qui se situe à l'ouest d'un méridien passant par le breton lui-même mérite d'être appelé "bretagne" tandis que le reste est assimilé à la banlieue parisienne, fut-ce le village voisin où l'on fabrique ce délicieux Kouign Amann dont le susdit breton se régale quotidiennement. Non mais ya pas à dire... Ils sont cons ces bretons!

Épaule: Si le bowl constitue l'extrémité de la section la plus proche du point de déferlement, l'épaule en est l'endroit le plus éloigné. Sur l'épaule, la vague a commencé à se dresser, mais ne dégage pas encore une puissance suffisante pour menacer de déferler. C'est donc évidemment le lieu de prédilection de tous les couards et autres êtres inférieurs qui recherchent la sécurité. Par corollaire, c'est également sur l'épaule que partent les dégénérés adeptes de la taxe (voir: Taxe), qu'ils s'apprêtent à exercer sur l'honorable surfeur affrontant le bowl au péril de sa vie. Par mesure de précaution il est donc recommandé d'abattre toute personne surprise en train de surfer l'épaule.

Peak: Lorsque les conditions ne sont pas trop dégueulasses, le déferlement de la vague débute donc en un unique point pour se propager ensuite sur les côtés. On appelle ce point de déferlement initial "le peak". C'est évidemment l'endroit d'où il faut partir pour profiter de la vague le plus longtemps possible. Par ailleurs, ce point ayant tendance à être à peu près stable au sein d'une même série, voire même d'une série à l'autre sur certains types de spots, on appelle également "peak" cette zone idéale dans laquelle tous les surfeurs du département (et d'ailleurs) campent depuis une heure dans l'attente d'une vague, en se fusillant du regard comme le feraient les 5000 usagers du RER B bloqués sur le quai à la sortie du boulot, un jour de grève, cinq minutes avant que l'unique rame de la soirée n'entre en gare.

Multi-peak: Lorsque les conditions sont bien dégueulasses, le déferlement de la vague débute donc en de multiples points répartis aléatoirement sur toute la longueur de la vague et créant de multiples fermetures. La zone idéale pour prendre une vague dans de telles conditions se trouve alors partout et nulle par à la fois, mais enfin surtout nulle part. Comme le phénomène se produit plus facilement les jours onshore (voir: Onshore) et mous (voir: Mou), la densité de population associée à une telle conjecture s'approche plutôt de celle de la zone industrielle de Dunkerque un dimanche pluvieux de novembre. A moins bien sûr qu'un surfeur particulièrement charismatique sévisse sur le spot (genre, moi), auquel cas tous les parasites alentours viendront inévitablement se coller à lui, mus par une force d'attraction à la limite du surnaturel.

Gauche: on appelle "gauche" la partie de la vague qui déroule vers la gauche du point de vue du surfeur en train de la chevaucher. Les vagues ayant tendance à mieux dérouler d'un côté que de l'autre en fonction de la configuration du fond de mer et des différents obstacles susceptibles de dévier sa course, on appelle plus largement "gauche" une vague qui déroule favorablement de ce côté. Les gauches sont les vagues que les goofies, qui peuvent les surfer frontside (voir: Frontside), exploitent le mieux. C'est pourquoi il est toujours apprécié par ces derniers que les regulars leur cèdent les plus belles gauches.

Droite: Par analogie, on appelle "droite" à la fois la partie de la vague qui déroule vers la droite, et la vague qui déroule favorablement de ce côté. Les droites sont les vagues que les goofies, qui peuvent les surfer backside (voir: Backside), trouvent les plus techniques. C'est pourquoi il est toujours apprécié par ces derniers que les regulars leur cèdent les plus belles droites.

Mou: Quelle que soit la taille d'une vague (de quelques centimètres à plusieurs mètres), elle sera "molle" si sa pente n'atteint pas un angle minimum permettant au surfiste de s'élancer sans effort. Dans le pire des cas, une vague molle s'écroulera sur elle-même en une avalanche de mousse balayant tout sur son passage au lieu de déferler convenablement. On comprend donc mieux pourquoi l'évocation d'une vague molle provoque parfois, par mimétisme, des troubles de l'érection chez les surfistes même les plus aguerris. C'est comme de penser à un pigeon qui vomit ou sa grand mère à poil: il n'y a pas mieux pour éviter l'éjaculation précoce.

Chantier: on désigne par "chantier" un plan d'eau ayant subi une conjecture de facteurs (multipeak, mou, onshore, grosse barre) à l'origine de conditions à la limite de l'impraticables, et donc pile dans les cordes de votre serviteur.

Glassy: A l'inverse, un plan d'eau glassy affiche une surface parfaitement lisse dans laquelle le ciel se reflète comme dans un miroir, et que ne viennent troubler que les séries de vagues impeccables. C'est l'el dorado du surfiste. Par extension, un surfiste qualifiera de "glassy" tout plan d'eau sur lequel ses potes n'étaient pas, juste pour leur faire croire qu'il n'a pas -encore- eu une session de merde. Mais le subterfuge étant utilisé par pratiquement tout le monde, plus personne ne se fait avoir.

Reforme: il arrive parfois qu'après avoir déferlé, une vague trouve un second souffle et se dresse à nouveau pour un deuxième tour de manège. On appelle cela la reforme. Généralement moins puissante que le déferlement initial, la reforme peut toutefois réserver de bonnes surprises, surtout si on pèse cinquante kilos et qu'on a une tendance malsaine et compulsive à maltraiter la mousse. Les coupables se reconnaîtront...

Les lieux

Spot: Le spot est l'endroit où le surfiste aime exposer son matériel hors de prix (et hyper polluant) aux yeux du monde. Dans l'idéal, un spot est ensoleillé mais pas trop (pour éviter les brûlures), offre un confort suffisant pour que le surfiste puisse y poser ses fesses sans douleur durant les nombreuses heures qu'il passera à méditer sur sa décision d'aller à l'eau ou pas, et permet à ce dernier de poser sa planche à la vue de tous, sans pour autant qu'elle ne s'abîme. Évidemment, si le spot en question peut aussi avoir quelques vagues de temps en temps, c'est un bonus indéniable.

Beach break: Ce terme désigne les spots dont les vagues déferlent au large des plages de sable. De par la nature à la fois instable et relativement homogène du fond, les bancs de sables responsables du déferlement de la houle ont tendance à se déplacer facilement d'une session à l'autre, et à affleurer en de multiples endroits. C'est la raison pour laquelle il est difficile d'y localiser les peaks a priori, et une observation attentive est nécessaire pour identifier les meilleures zones. A moins d'un banc particulièrement abrupt (et donc potentiellement fragile), il est rare que les beach breaks créent des vagues très puissantes. Ce type de spot est au contraire le terrain de prédilection des multi-peaks bien mous comme on les aime. Et si, avec un peu de chance, le vent est calé onshore, c'est buffet à volonté de matière fécale garanti. Par ailleurs sécurisants pour les débutants qui préfèrent racler le sable que la roche, ce sont naturellement les endroits où l'on trouve la plus forte densité de population, et donc d'incivilités potentielles. Bref, "ze place to be" pour tout surfeur qui se respecte.

Reef break: On emploie le terme "reef break" lorsque le déferlement est déclenché par la rencontre de la houle avec un obstacle solide (reef = récif). Qu'il s'agisse d'une barrière de corail, d'une grosse patate immergée ou d'une épave de pétrolier, ces spots ont la particularité d'offrir un peak particulièrement stable et consistant, mais qui ne fonctionne que dans des conditions de marées et d'orientation de houle bien précises. De par leur nature clairement définie, limitée dans le temps et souvent unique, les peaks que l'on trouve sur de tels spots sont susceptibles d'atteindre très vite leur capacité d'accueil maximale, et les surfeurs aguerris et ombrageux venus se faire éclater la tronche sur la dalle rocheuse se retrouvent plus souvent qu'à leur tour à s'éclater la tronche entre eux.

Shore break: Mon chouchou! Le shore break se forme lorsque la houle atteint le rivage sans avoir pu déferler au large, le plus souvent en raison d'une absence totale d'obstacle (pas de reef, pas de banc, plage abrupte). Il en résulte une vague dont toute l'énergie explose à quelques mètres du bord, parfois même à même le sable/les galets, avec une puissance et une vitesse la rendant pratiquement impossible à exploiter. Les conditions idéales pour se briser les cervicales. Late take-off, bottom à l'arrache, plantage de dérive dans le sable et grosse raclée, voilà le programme qui attend les inconscients qui se lancent à l'assaut du shore-break. Planche en mousse et protection pubienne fortement conseillées.

Line up: On appelle ainsi l'endroit situé à côté du peak et au sein duquel les surfistes attendent leur tour pour s'engager. Le line-up est à la session ce que le péage de Saint-Arnoult est au départ en vacances: derrière les apparences d'organisation civilisée et de pseudo respect de l'antécédence, sa cache une réalité bestiale. Tous les coups sont permis, c'est chacun pour sa peau et que le plus fort gagne. Au sein d'un line-up digne de ce nom, chacun se doit de ramer dans tous les sens pour doubler, se replacer, décaler... Et au final partir en priorité sur une vague aux dépends d'un mec qui attendait son tour depuis dix minutes. Non, vraiment... Si vous ne surfez pas, vous ne savez pas ce que vous ratez.

Post scriptum

Nous arrivons à la fin du volume 2, vous y êtes presque! Encore quelques efforts et vous pourrez parler comme un.e vrai.e surfeur.euse! Il ne vous restera alors plus qu'à vous laisser pousser la barbe (ou les poils sous les bras pour les nanas) et la coolitude est à vous.

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C
J'ai cru voir un truc qui à été modifié ;P grilled... à mon avis pour pécho c'est à bali pas à stb ;)
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C
A non c'était sur bzhecume.. merde j'ai fait un parallèle ! Tu est partout !
U
ouais, j'ai fait pas mal d'edits en me relisant.<br /> <br /> C'est comme pour le volume 3, le coup est parti trop tôt hier soir. J'ai balancé les publications au lieu d'enregistrer les brouillons, tu coup la newsletter est partie avec des liens non valides :'(