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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Session de rattrapage

Suite à la demande de certains lecteurs, l'article suivant ne contiendra aucun anglicisme susceptible de dérouter un public francophone bien de chez nous. Merci d'avance de votre compréhension.

La guérite, 8h50.

Je crois que c'est la première fois depuis longtemps que j'ai fait la route de jour. Habitué depuis des mois à me pointer avant le lever du soleil, j'avais fini par oublier le merdier que c'est de rejoindre la presqu'île en même temps que le reste de monde... Mais cet horaire exceptionnel se justifie par la présence sur les lieux de mon pote-qui-bosse-en-slip-sous-vêtement-masculin et son collègue de boulot Léonidas, qui n'auraient eu aucune chance de me retrouver dans la foule si j'avais été à l'eau trois heures avant eux, comme j'en ai l'habitude.

Car il y a du monde ce matin, et c'est facile de comprendre pourquoi: les lignes de houle sont tout simplement parfaites comme rarement sur les grandes plages. Un petit mètre creusé par la brise d'est, qui pousse juste ce qu'il faut, et qui déroule à n'en plus finir. Il y a de la gavade dans l'air et du monde au peak point de déferlement. Les regards sont hostiles et l'ambiance pesante, la session séance s'annonce parfaite!

En pleine confiance, je ne prend même pas le temps de checker vérifier les conditions. Si le roi de Sparte dit que c'est propre, c'est que c'est propre. Je sors Linette du coffre sans l'ombre d'une hésitation, et m'élance aux côtés de mes compagnons. Par rapport à hier, il n'y a pas photo: la barre est absente et les vagues ont l'air assez puissantes pour partir sans effort. D'ailleurs, impossible de regarder en direction du large sans voir trois ou quatre mecs debout, en train de glisser. C'est un signe qui ne trompe pas. Quelque chose au fond de moi me dit que je vais pouvoir rattraper mon loupé de hier.

Pour éviter d'aller tout de suite nous faire découper en rondelles, nous décalons un peu vers le sud avant de nous mettre à l'eau. D'entrée de jeu, nous nous plaçons pile là où il ne fallait pas. A notre droite, un duo d'encrèmés façon "masque de Jason" se passe le relais pour occuper tout ce qui rentre pendant que l'autre remonte se placer. Si ce comportement est régulièrement observé chez certains longboarders adeptes de planches de grande taille, cette équipe là est mixte, et le shortboarder l'adepte de planche de petite taille du binôme ne se gène pas d'avantage que son camarade pour snaker décaler de sorte à voler la priorité sans vergogne, et au mépris du turn over du renouvellement naturel du line-up de la file d'attente. A notre gauche, un mec au regard ahuri matérialise devant lui un véritable couloir de la mort, au sein duquel personne n'est à l'abri de sa planche abandonnée dans les remous, ni des tout-droits qu'il enchaîne, allongé à plat ventre sur sa planche, et de préférence en coupant la route à quiconque aura eu le malheur de saisir une priorité.

Commettant moi-même l'erreur de poser mes dérives sur son territoire liquide, je m'en sors avec de la wax cire collée sur le casque et une marque en forme de rail imprimée sur la carène de ma Linette. Voyant mes acolytes décaler à leur tour dans sa direction, je ne peux réprimer un avertissement sonore destiné à les dissuader de commettre la même erreur que moi.

Ça fait environ trois quart d'heure que nous sommes à l'eau, et aucun d'entre nous n'a encore véritablement scoré accompli de fait remarquable. La frustration grandissante, nous commençons à échanger des regards entendus quand à l'exaspération suscitée par notre voisinage immédiat. "J'ai bien envie d'aller voir ailleurs si j'y suis" lance-je à mon pote-qui-bosse-en-slip-sous-vêtement-masculin alors qu'il avait déjà commencé à ramer en direction de cet ailleurs.

Quelques minutes plus tard, la deuxième session séance peut commencer! Désormais à l'écart, nous profitons de vagues certes un peu moins volumineuses, mais libres de tout occupant. Décalant légèrement notre aire de jeu en direction du rivage, nous profitons d'un joli shore break brisant de côte qui nous offre moultes opportunités de drop démarrage tardif et engagé. Les vagues se résument bien souvent à un simple take off décollage suivi d'un unique bottom virage de bas de vague avant le wipeout la perte de contrôle, mais les sensations sont là et le plaisir au rendez vous.

Parti sur une gauche un peu molle, je tricote comme un beau diable pour ne pas me faire sortir prématurément. Un sentiment tenace me dit que l'espoir m'attend au bout du chemin. Alors que je suis sur le point de laisser tomber, ayant déjà parcouru une distance déraisonnable au regard du caractère un peu pathétique de ma performance, le bowl creux de vague que j'attendais se forme enfin devant mon nose bout de planche. En un instant, je plante le rail frontside côté vague pour carver creuser un bottom virage de bas de vague serré vers le peak point culminant de celle-ci puis, d'un twist d'une rotation engagée des épaules, je shredde j'entaille la vague à grand coups de thrusters trio de dérive et ramène le stringer la latte longitudinale de la planche dans l'axe de la descente en un puissant roller virage serré de haut de vague. Avant de me rallonger sur ma planche, je m'efforce de rester impassible et cool en croisant le regard des deux débutants à côté de qui je viens de faire voler de l'écume jusque dans la stratosphère. Parce que, disons le clairement, j'aurais certainement perdu toute classitude si je m'étais laissé aller à ma soudaine envie de hurler comme une pucelle en chaleur à un concert de Patrick Bruel dans les années 90.

A peine revenu au peak point de déferlement, Léonidas laisse passer une nouvelle gauche sur laquelle je m'engage derechef. Cette fois, je trouve toute la puissance nécessaire pour envoyer un premier roller virage serré de haut de vague, puis un deuxième, et terminer ma course par un troisième exemplaire posé juste sur la fermeture. Pour moi, la session séance est pliée, après un exploit pareil je peux me rhabiller sans le moindre regret. Faisant part de mon état d'esprit à mon pote-qui-bosse-en-slip-sous-vêtement-masculin, celui-ci juge effectivement qu'il est temps d'aller pointer à l'usine et chope sa dernière vague avant de remonter sur le parking la zone de stationnement autorisée sans un au revoir. "Mais c'était une façon de parler enfin!" dis-je à Léonidas, resté me tenir compagnie.

Pendant une bonne vingtaine de minutes, nous attendons l'un et l'autre la vague qui nous fera sortir en beauté et rejoindre notre ami commun avec la banane jusqu'aux oreilles, mais force est de constater que c'est ce dernier qui avait raison. Il n'y a désormais rien d'autre à se mettre sous la dent, avec la marée descendante, que quelques restes un peu misérables dont je me sers pour me faire pousser jusqu'au bord dans la position désormais célèbre du phoque gris. Mon heure était de toutes façons venue: j'ai les aisselles en sang à cause du frottement de ma néoprène... Ça m'apprendra à ne pas mettre de top haut de maillot lors de mes longues sessions.

Le camion du troisième larron a déjà disparu, nous nous faisons nos adieux à deux. Des adieux et un court bilan: super session. Elle mérite carrément un article!

Par contre, il faudra y aller mollo avec les anglicismes... Parce que, à la longue, c'est fatigant de devoir traduire tous ces mots étrangers.

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F
Ah ah on était au même endroit et c'est vrai que Tic et Tac en crème solaire n'étaient pas partageurs! :D<br /> "duos d'encrémés" <3
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C
Mais qu'elle enculade cette exercice d'utilisation de mots français ;) <br /> Dommage pour la population sur nos plages, c'est quand-même jouissif de retrouver seul sur un pic lorsque que les conditions sont magnifiques , sensation qui est souvent trop rare par chez nous. Pourtant a quelques 100ene de kilomètres des spots connu non pas se genre de défaut, la facilité etdet l'accessibilité de stb et companie joue en leurs défaveur.
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U
Et la rudesse de l'hiver remet les pendules à l'heure au moment venu. Ça fait des années que je n'attends plus rien de ces spots l'été, et que je me contente d'être agréablement surpris lorsque les choses se passent bien.<br /> <br /> Encore une fois, vivement l'hiver :)
A
Et, j’avais failli oublier... À quand l’apéro loose déconfinement? Si on est autant qu’au premier on a le droit ;-))) Même s’il est fort probable que celui là soit plus fréquenté ....
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U
Je ne miserai pas lourd sur la fréquentation d'un tel événement... Mais oui, je vais essayer d'organiser ça!
A
Ouiiii c’était cool d’avoir de belles vagues... Quand on y réfléchit c’est quand même plutôt rare sur nos plages ... mer chaude, belles vagues... dire qu’il y a certains coins où c’est presque tous les jours ... ça se trouve les mecs la bas ils apprécient même plus lol !
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U
Merci pour le décodage !
A
Cool : très agréable <br /> Lol : rires aux éclats