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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Surf styles

Chacun le sait, il n'existe pas UN mais DES styles de surfeur. Et comme dans notre société bien rangée, il est de bon ton de mettre les gens dans des petites cases, je vous propose aujourd'hui une nomenclature pittoresque des clichés les plus répandus sur la planète surf.

On ne peut pas commencer une énumération des catégories de surfeurs sans évoquer le modèle "bronzage californien". Surfant obligatoirement en short, de sorte à exhiber sa musculature pectorale parfaite dont le halage n'a d'égal que l'épilation irréprochable, ce spécimen se retrouve contraint sous nos latitudes à limiter son activité à une poignée de sessions par an, les rares jours où l'eau dépasse les 16°. Il passe donc le reste de l'année entre la salle de muscu, les cabines UV, et les séances de décoloration capillaire pour parfaire son look de bôghosse de Malibu. Intarissable sur les spots tropicaux où il rêve un jour de surfer, ses connaissances des conditions locales sont en revanche souvent plus diffuses. Esthète, on notera que ce dernier porte un soin tout particulier à sa garde-robe qu'il enrichit régulièrement de sapes de marque soigneusement choisies, qui coûtent d'autant plus cher qu'elles ont l'air déjà usagées. Sa caricature poussée à l'extrême a donné naissance au personnage de "Brice de Nice", protagoniste principal d'un film d'horreur qui a traumatisé toute une génération d'innocents surfeurs.

A l'autre extrémité du spectre, nous trouvons le "petit rasta blanc". Souvent jeune, anormalement pâle et toujours boutonneux en raison d'un manque d'hygiène nuisant à l'évacuation naturelle du sebum, le petit rasta blanc se reconnaît aisément à sa chevelure crade et pleine de noeuds (comme la fourrure de mon terre neuve deux semaines après une baignade dans la boue), à son haleine de chien (quand on parle du terre-neuve...), et à la pipe à douilles posée sur la plage arrière de sa caisse pourrie (et là, je ne parle pas de l'accessoire de bricolage). Le petit rasta est militant mais, abusant régulièrement de substances narcotiques, il ne se souvient généralement plus de ce pourquoi il combat. En tout cas, il en a gros sur la patate et contre le système, ça c'est sûr! Et ce n'est pas l'argent de poche que lui donnent ses parents (respectivement dentiste et neurochirurgien) qui suffira à apaiser sa colère. Au mieux, ce pécule ira engraisser un mafioso en échange du mauvais shit grâce auquel le sujet oublie ses problèmes existentiels. Esthète, on notera que ce spécimen porte un soin tout particulier à sa garde-robe qu'il enrichit régulièrement de sapes usagées soigneusement choisies, qui coûtent d'autant plus cher qu'elles ont l'air d'avoir déjà servies à un clodo. Côté surf, le petit rasta est souvent trop occupé à fumer pour checker les conditions, mais il arrive parfois de les croiser en groupe sur un parking, les yeux injectés de sang, dissertant sur les exploits qu'ils ne manqueraient pas de produire s'ils se décidaient à éteindre leur bulleur pour se mettre à l'eau.

A la suite d'une tentative tardive de devenir petit rasta, ou lorsqu'un petit rasta accompli commence à mal vieillir, il se peut que ce dernier produise un phénomène alternatif appelé "le crade". Le crade, c'est un surfeur rasta sans le style. Il pue pareil, il est dégueu pareil, il se fringue avec de vieilles serpillères usagées pareil, mais il n'a juste pas le mojo. Le crade commence sa carrière à la trentaine, âge à partir duquel on n'a plus l'excuse de la crise d'adolescence pour justifier un mode de vie marginalisé. S'il n'est généralement plus révolté avec la même vigueur que son prédécesseur, papa et maman ont aussi arrêté de filer de l'argent de poche, ce qui place le sujet dans une impasse sociologique: à moins de renoncer temporairement à ses convictions et à son camionnette lifestyle pour s'inscrire durablement dans la société, il se condamne lui même à une vie de plans foireux, de mauvais splits et d'aides sociales. La bonne nouvelle, c'est que le manque de moyens pour se procurer de la drogue permet au crade de passer beaucoup plus de temps à l'eau et de faire des progrès susceptible de lui attirer le respect des locaux. Son look "je s'appelle roots" ne manquant pas de susciter par ailleurs l'envie au sein d'une bourgeoisie consciente de vivre étouffée par les codes.

N'oublions pas de citer le faux-crade. Le faux-crade est un petit rasta qui a évolué vers la réussite sociale (ça arrive!) mais qui, par conviction ou parce qu'il trouve ça cool, fait semblant d'être un crade. Si vous voulez mon avis, le faux-crade est un vicelard: il roule dans une camionnette pourrie qui crache des panaches de fumée noire alors que son pick-up électrique l'attend dans le garage, il surfe intentionnellement des planches usagées pour qu'on ne sache pas qu'il a les moyens de se faire faire un shape par l'artiste du coin, et il se déguise en crade sans aller jusqu'à adopter l'odeur. En plus, le faux-crade use de l'attrait suscité par son mode de vie "marginalisé mais pas trop" pour choper toutes les belles nanas, ce qui est impardonnable.

Continuons ce tour d'horizon et laissez-moi vous présenter le blond. Bénéficiant d'origines scandinaves évidentes, le blond est une machine à dompter les vagues. Il hérite de ses ancêtres vikings un génôme qui lui procure des caractéristiques physiques le rendant apte à affronter les tempêtes islandaises comme les swells tropicaux. A l'aise dans toutes les conditions, énervant au plus haut point, le blond se reconnaît aisément dans le parking à sa Volvo break aménagée par Ikéa, et à sa carrure atypique (2m10 de haut pour 1m50 de large). Comble de l'insupportable, le blond sévit dans toutes sortes de disciplines sportives (en témoigne la domination exclusive de Björn Dunkerbeck sur le circuit véliplanchiste professionnel pendant 12 années consécutives) et ne se contente donc pas de n'imposer son complexe de supériorité qu'aux surfeurs. Si vous voulez mon avis, le seul remède contre le blond, c'est l'euthanasie.

Tout aussi énervant, bien que dans un autre registre, nous avons le touriste. Le touriste se reconnaît à son teint rougeaud, son nez pelé, et au fait que vous ne le voyez jamais sur votre spot préféré entre septembre et juin. Ivre de rosé-pamplemousse et d'arguments marketing, le touriste se jette sur votre peak comme un morpion vegan sur un kiwi bien mûr, sans même avoir pris le temps de retirer l'étiquette de son matériel flambant neuf sorti tout droit des grandes surfaces, et encore moins de s'être renseigné sur les règles de respect et de sécurité. Si un ahuri boudiné vous fonce dessus en écarquillant les yeux et en agitant les bras après vous avoir taxé une vague, vous pouvez être sûr que vous avez à faire à un authentique touriste!

À l'antithèse du touriste, nous avons le geek du surf. Ce dernier a, au contraire, largement pris le temps de se rencarder sur la discipline. Il en maîtrise d'ailleurs tous les aspects théoriques, de l'influence du swallow sur l'hydrodynamique de la planche aux conséquences du rake sur le pivot d'une dérive, en passant par les effets conjugués du vent thermique et du vol des goélands sur la période de la houle. Il est de tous les débats techniques, et consacre un temps considérable à l'élargissement de son champ de connaissances, ce qui limite son temps disponible pour mettre en pratique ses connaissances nouvellement acquises en  conditions réelles. Toujours prêt à partager ses connaissances, surtout quand on n'en a pas besoin, le geek est d'autant plus énervant qu'il a souvent toujours raison.

Que serait cette liste de courses sans celui qu'on ne présente plus: le cook. Avec un "c" comme dans "James Cook". Le type qui a découvert les îles Hawaii et déclaré en voyant les autochtones glisser sur les vagues en chevauchant des portes de garage: "Qu'ils sont cons, on n'a pas encore inventé le garage". Méfiance toutefois lorsque vous balancez votre haine au visage du cook le plus proche: nous sommes tous le cook de quelqu'un.

Si l'authentique cook n'est par définition pas conscient de sa condition, il possède un jumeau maléfique: le faux cook! Le faux cook pense ne pas être un cook mais joue la carte d'une contre culture décalée pour se donner de la substance. Doté d'une haute opinion de lui même, il se rabaisse volontairement dans l'espoir de susciter de la part de ses acolytes internautes anonymes quelques compliments qui, hélas pour lui, n'arrivent jamais. Il déverse l'amère frustration qui en découle sur les réseaux sociaux où, tantôt troll professionnel, tantôt drama queen, il brasse une quantité phénoménale d'air dans le seul but de pourrir la vie de pauvres innocents.

Enfin, et j'ose à peine l'évoquer, il y a la perle rare. L'exception. Le surfeur beau, propre, intelligent, modeste, talentueux, et contrairement à tous les autres, pas mythomane pour un sou. En un mot comme en mille: moi.

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J
Le groom... énervant à souhait. Souple doué enthousiaste avec une marge de progression énorme...jalousie
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C
ça me rappelle ça https://www.youtube.com/watch?v=Zje2cGEqI4I
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