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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Partie 6 - Les figures

Où il est question des figures

Canard: Exercice qui consiste à plonger, accompagné de son flotteur, sous une vague en approche de sorte à ne pas se faire repousser jusqu'à la plage. Cette figure tire son nom du fait qu'après un certain nombre d'exécutions dans une eau suffisamment froide, le sujet a les lèvres anesthésiées au point de se retrouver condamné à arborer une expression figée couramment utilisée sur les réseaux sociaux: la "duck face". Notez qu'après un certain nombre de ratages aboutissant à se prendre sa planche dans la tronche, les lèvres ont de surcroît tendance à gonfler de sorte à accentuer la ressemblance avec le palmipède.

Take-off: Terme galvaudé décrivant aujourd'hui le geste ayant pour finalité de passer de la position allongée à la position debout. Le take-off peut donc aussi bien être exécuté sur une planche de surf que dans son lit, à conditions toutefois de ne pas être au milieu d'une séance d'ébats conjugaux, sous peine de faire l'objet de poursuites pour violences aggravées durant l'acte sexuel. Historiquement, le take-off aurait pu s'appeler de plein d'autres manières, mais toutes les possibilités étaient aussi moches les unes que les autres, alors on a finit par s'habituer à celle là.

Drop: le drop désigne, en fonction du contexte, l'action de réaliser un take-off en chute libre sur une vague particulièrement raide, ou le fait de couper la route à un autre surfeur disposant pourtant d'une priorité sur la vague du fait de sa position. Évidemment, dans les cas les plus extrêmes, le drop peut désigner les deux choses à la fois, bien qu'on y préfère dans ce cas le terme de "motherfucker freaking bollocks drop of the deads".

Planning: Si vous pensiez qu'une planche de 34 litres pouvait supporter un bonhomme de 90kg par le seul effet de la poussée d'Archimède, c'est que vous avez sérieusement merdé à un moment dans votre scolarité. Une planche de surf ne flotte pas, elle glisse. C'est le frottement de l'eau sur la carène qui crée la pression nécessaire pour maintenir celle-ci à la surface lorsqu'un quintal de bidoche et de matières pétrochimiques se tient debout dessus en agitant les bras. Pour générer la vitesse nécessaire à déclencher ce phénomène, le surfeur rame en soufflant comme un bœuf, et compte aussi un peu sur la pente de la vague. Lorsqu'il sent que sa planche le porte enfin, il tente de déclencher le fameux "take-off", mais comme il est maladroit, il perd de la vitesse au cours de sa tentative et sa planche s'enfonce à nouveau. Alors il recommence à ramer en soufflant encore plus fort. Après une poignée d'échecs consécutifs, le surfiste se retrouve sur la plage et réalise qu'il va encore falloir se taper la barre.

Moustache: Parfois, le surfiste parvient à se mettre debout sur sa planche avant d'avoir perdu assez de vitesse pour mettre fin à son planning. Lorsque cela se produit, il lui arrive souvent de croire qu'il est tiré d'affaire. C'est en général le moment où la vague perd en puissance et/ou celui qui la surfe commet une erreur de placement compromettant la fluidité de l'écoulement. Il en découle une décélération aboutissant au phénomène tant redouté: la moustache annonciatrice de fin de planning. Lorsque la planche commence à s'enfoncer dans l'eau tout en continuant à avancer bon gré mal gré, poussée par une vague mourante, l'élément liquide se trouve expulsé de part et d'autre des rails au lieu de s'écouler vers l'arrière de la planche, formant ce faisant une paire de gerbes qui n'est pas sans évoquer la pilosité faciale du docteur Robotnik. A mesure que la vitesse diminue et que la planche s'enfonce d'avantage, le phénomène se rapproche du "nose", donnant à l'appellation tout son sens.

Frontside: Surfer frontside, c'est surfer comme un couard, dans la direction qui place la vague en face du surfeur (à gauche pour les goofies, à droite pour les regulars), de façon à pouvoir la fixer des yeux pendant toute la durée de l'acte. Il y a dans le surf frontside un côté facile, malsain et pervers, c'est comme choisir les vidéos Youporn où la nana regarde l'objectif avec des yeux qui crient braguette... Excusez-moi quelques minutes, j'ai une course à faire.

Backside: Surfer backside, c'est surfer comme un couard, dans la direction qui place la vague dans le dos du surfeur (à droite pour les goofies, à gauche pour les regulars), de façon à ne pas regarder la mort en face. Il y a dans le surf backside un côté facile, malsain et pervers, c'est comme mater les vidéos Youporn de la nana qui fixe l'objectif, mais avec les yeux bandés.

Bottom (turn): Une fois que le surfeur s'est mis debout sur sa planche, il choisit entre backside et frontside en fonction du type de vague (droite ou gauche) et entame un virage dans la direction correspondante. Ce faisant, il s'accroupit en tendant ses fesses vers l'arrière dans une position qui n'est pas sans évoquer les toilettes à la turque. L'exposition presque malsaine de son postérieur ("bottom" en anglais) a tout naturellement donné son nom à cette figure: le virage des fesses.

Carve: On appelle "carve" un virage des fesses tellement appuyé qu'il creuse un sillon dans la surface de la vague, le fameux "sillon inter-fessier".

Top turn: la trajectoire du surfeur à l'issue d'un virage des fesses ayant tendance à l'entraîner vers le sommet de la vague, il est bientôt temps pour ce dernier de songer à redescendre s'il souhaite prolonger sa course. A cet effet, il effectue un virage particulièrement classe, souvent accompagné d'une gerbe d'eau, qui ne manque jamais d'arracher un "wahou, top le virage!" aux spectateurs alentours. D'où le nom de cette figure.

Roller/reentry: lorsque le top turn est tellement puissant/serré qu'il propulse des baignoires de flottes dans la stratosphère tout en faisant décrocher les dérives, on parle de re-entry puis, au stade supérieur de la coolitude, de roller. Toutefois, la limite entre le top turn, le reentry et le roller étant plus que confuse, il est de bon ton d'appeler "roller" le moindre petit virage timide lorsqu'on est l'auteur d'un blog à visibilité internationale.

Douze-dix-huit/roller à midi: Le douze-dix-huit est au roller ce que le cinq à sept est au petit coup dans l'ascenseur: une version plus intense et engagée. On identifie formellement un douze-dix-huit au fait que la planche commence le virage en pointant son nose droit vers le ciel (12h/midi sur le cadran d'une horloge), et le termine après avoir effectué a minima une demi-rotation (18h sur le cadran de l'horloge). L'exécution de cette figure en présence de représentants du sexe opposé garantit à son auteur une satisfaction sexuelle à vie.

Drift: Activité qui consiste à faire déraper sa planche afin de maximiser les chances de se casser la gueule. L'ennemi naturel du drift étant l'action antidérapante des dérives, le surfiste peut utiliser divers subterfuges pour neutraliser cette dernière tels que: faire sortir les susdites dérives de l'eau à l'occasion d'une manœuvre particulièrement radicale, monter des dérives trop petites ou ne pas en monter du tout, surfer les mousses et/ou la zone blanche qui suit le passage d'une grosse vague, passer en plein milieu d'un tas de sargasses... Bref, comme souvent, tous les moyens sont bons pour se faire mal.

Wipeout: Lorsqu'un drift est tellement bien réussi que le coupable réussit finalement à se casser la gueule, on appelle ça un wipeout.

Cut back: Cette figure dont le nom anglais signifie "coupure dans le dos" consiste à surfer allongé sur la carène, mais le torse tourné vers le ciel, de sorte que les dérives découpent le dos du coupable en lieu et place de ses parties génitales (voir: Dérives/ailerons). La forme singulière de ce nom, évoquant une unique coupure, prouve sans équivoque que les premières planches de surf n'étaient munies que d'une seule dérive, ce qui n'était apparemment pas suffisant pour décourager les abrutis de faire n'importe quoi. Certaines mauvaises langues prétendront que le cut back est en réalité un virage consistant à revenir dans le bowl de façon radicale lorsqu'on se retrouve à surfer trop près de l'épaule, mais il ne s'agit que de maladroites tentatives de désinformation.

Tube: Si cette figure porte le même nom que la partie de la vague qui s'enroule sur elle-même, c'est parce qu'elle consiste tout simplement à naviguer à l'intérieur de la susdite partie. Rien de bien méchant en théorie donc, sauf si l'on considère que pour qu'un homo sapiens-sapiens puisse y pénétrer, lui et sa planche, le tube en question doit posséder une dimension minimale. Dimension à partir de laquelle la quantité d'eau en mouvement au dessus de la tête de l'innocent est suffisante pour lui garantir plusieurs minutes d'apnée en cas de gros merdage. Il va sans dire que ce type de vague se forme également de préférence au dessus un banc de corail ou de tout autre récif constitué exclusivement de lames de rasoir plus ou moins émoussées, et a une furieuse tendance à fermer de manière imprévue. L'exécution de cette figure garantit donc à son auteur un tel shoot que même la satisfaction sexuelle à vie lui semble dérisoire en comparaison.

Casquette: La casquette, c'est le tube des chochottes. C'est quand le surfeur a de l'eau au dessus de la tête, mais qu'il peut encore voir la plage, faute d'être complètement encerclé. Il va sans dire qu'on ne se vante pas d'avoir fait une casquette, on prétendra au contraire à toute personne n'ayant pas assisté à la scène qu'il s'agissait d'un véritable tube, profond comme la gorge d'une actrice de films pour adultes.

Pumping/pomper: Technique consistant à générer de la vitesse en exécutant une trajectoire en dents de scie sur la face de la vague. Lors d'une courte descente, le surfeur pousse sur ses jambes (comme s'il voulait sauter) afin d'accélérer, puis il profite de son élan vertical pour soulager la planche de son poids et ramener rapidement cette dernière sous ses jambes repliées avec un minimum de résistance, "rechargeant" ainsi le ressort humain pour la prochaine descente. Au cours de cet exercice, le centre de gravité du surfiste ne bouge pas ou peu, et l'amplitude verticale du mouvement effectué par le flotteur est donc faible. Cette faible amplitude se traduisant par une fréquence de mouvement élevée, il n'est pas étonnant qu'un observateur profane puisse penser que le surfeur s'amuse à sautiller sur sa planche. Cela explique pourquoi bon nombre de débutants croient bien faire lorsqu'il dévalent une vague en ligne droite tout en filant de grands coups de talons sur leur deck, ce qui aboutit inévitablement à l'effet inverse: ralentir la planche en la faisant s'enfoncer inutilement dans l'eau et balancer une bonne grosse moustache (voir: Moustache).

Tic-tac: A l'inverse du pumping qui exploite la verticalité de la vague, le tic-tac se pratique à plat. Il s'agit de faire pivoter rapidement son flotteur d'un côté et de l'autre tout en exerçant des pressions latérales destinées à générer de la vitesse. Si cette technique est réalisable avec des ailerons montés en twin ou en quad (et qui offrent par conséquent peu de résistance à la rotation), elle s'avère en revanche contre-productive en thruster, et carrément impossible en single. Pas encore inscrite au registre officiel des figures validées par la fédération internationale de surf, cette pratique n'est qu'une adaptation empirique de la technique éponyme largement connue et utilisée par les skateboarders.

Shredder: C'est l'ennemi juré des tortues ninja, ancien ami et frère d'armes de maître Splinter. Apparemment, il faisait aussi du surf, et la façon qu'il avait de s'acharner à déchiqueter les vagues avec toutes les lames fixées sur son armure aurait donné son nom à une pratique équivalente exercée avec les dérives.

Bassine: Unité de mesure de la quantité d'eau arrachée à la surface de l'océan par le vent ou les dérives (lors d'un virage). Une bassine = pas mal d'eau. La forme plurielle est indénombrable. Des bassines = beaucoup d'eau.

Baignoire: Unité de mesure de la quantité d'eau arrachée à la surface de l'océan par le vent ou les dérives (lors d'un virage). Une baignoire = beaucoup de bassines. La forme plurielle est indénombrable. Des baignoires = faut pas déconner.

Piscine: Unité de mesure de la quantité d'eau arrachée à la surface de l'océan par le vent ou les dérives (lors d'un virage). Une piscine = un tas de baignoires. La forme plurielle n'existe pas car sa dimension est inconcevable pour l'esprit humain.

Flotteur/floatie: Parfois (et le plus souvent sans le faire exprès) un surfeur devant qui la lèvre avait déferlé trop vite se retrouve à glisser sur le dessus de cette dernière. Eu égard à la trajectoire de la susdite lèvre, laquelle est influencée par la force gravitationnelle terrestre, le flotteur se termine rapidement en une chute libre que le surfeur essaie d'accomplir avec style nonobstant son évidente impuissance.

Air/aerial: En général suivi d'un tas de termes compliqués "360", "rail grab", "reverse", ce terme désigne toute figure réalisée dans les airs. Il convient de préciser que la figure en question doit être accomplie avec la planche sous les pieds. Toute tentative de figure aérienne sans la planche portant a contrario le nom de "saumonade" (voir: Saumonade).

Air aerial: L'air aerial, parfois également appelé "air air" est à la figure aérienne ce que la air guitar est à un concert de Jimmy Hendrix. Il s'agit d'une imitation au rabais d'une figure aérienne qui consiste à exécuter cette dernière sans la planche. Synonyme: saumonade (voir: Saumonade).

Saumonade: Figure consistant à se jeter de sa planche, de préférence par dessus la lèvre et avec les bras le long du corps, de façon à imiter le vol du saumon bondissant par dessus les rapides pour terminer sa course dans la gueule d'un grizzly. Le surfiste qui tente une saumonade devra toutefois veiller à s'assurer qu'il y a de l'eau plus haut que les genoux avant de s'exécuter, sans quoi la manoeuvre risque fort de se terminer avec des morceaux de coquillages entre les dents (voir: Riclette).

Taxe: Action de s'engager dans une vague sur laquelle un autre surfeur avait pourtant la priorité. Après de longs débats animés, il a été établi par un comité d'expert que l'art de la taxe pouvait atteindre de tels raffinements qu'à ce stade on pouvait parler de figure de style. Si les plus timorés dans ce domaine se contentent de partir loin sur l'épaule en faisant semblant de ne pas avoir vu l'occupant légitime de la vague, les plus engagés n'hésiteront en revanche pas une seconde à droper dans le bowl pour couper la route d'un mec lancé à mach 3 en hurlant "Allahu ackbar". Une telle abnégation mérite sans aucun doute le respect le plus profond.

Snaker: Contrairement à ce que pourraient croire les téléspectateurs les plus assidus de l'émission top chef, il ne s'agit pas d'une cuisson rapide à feu vif mal orthographiée, mais bel et bien d'un terme surfistique. Celui-ci se prononce d'ailleurs à l'anglaise: "snèïquer" et non pas "snaquer". On dit donc qu'un surfeur "snake" lorsqu'il rame non pas pour rejoindre la friterie la plus proche pour se procurer un en-cas (ça, c'est un "snack", suivez un peu), mais pour tenter de s'octroyer une position prioritaire sur une vague par rapport à un autre surfeur qui était initialement mieux placé que lui, qui attendait son tour sans emmerder personne, et qui pensait qu'il allait enfin pouvoir en profiter. Considérée comme extrêmement impolie, surtout lorsqu'elle est pratiquée par les autres, cette pratique n'est interdite que par la bienséance. N'importe quel gros connard affamé étant en droit d'argumenter que "si t'es pas content, t'as qu'à te bouger le cul".

Refuser: Lorsqu'il n'a pas les bollox de droper un mur d'eau de plusieurs mètres de haut ou (plus rarement) lorsqu'il dispose d'assez de jugement pour ne pas se jeter sur une fermante qui ne lui offrira pas plus d'une demi-seconde de glisse, il arrive parfois au surfeur de freiner sa planche -pourtant en pleine prise d'élan- afin de se désengager d'une vague qui avait commencé à le porter. On dit alors qu'il "refuse" la vague, empli de l'espoir futile que la prochaine sera moins pire. Hélas pour le surfeur, il arrive tout aussi souvent que la vague ne soit pas d'accord avec ce dernier et décide de l'emmener contre son gré. Il en résulte soit une descente effectuée à plat ventre sur sa planche dans une position aussi humiliante qu'impuissante (voir: Luge), soit une grosse gamelle bien sentie associée à l'introduction d'une quantité non négligeable de sable dans les sinus de l'importun.

Luge: La luge constitue la quintessence du surf poussé à son paroxysme, et illustre la perfection d'exécution dont est capable un être au sommet de ses capacités mentales et physiques. Pas étonnant que cela soit ma figure de prédilection..

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