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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Et joyeux Noël!

Le bureau, 11h15.

Je ne tiens plus en place. Les bulletins météo sont carrément bandants, mon collègue en congé vient de m'envoyer un SMS depuis les crevettes pour me dire que "ça suffira pour surfer", et mon matos attend dans la voiture depuis hier soir, trépignant, lui aussi, d'impatience.

Sur ma chaise, inutile de préciser que je n'ai pas le sentiment de servir à grand chose, le bureau est désespérément désert, ambiance fin du monde. Et sur la messagerie en ligne me reliant aux autres locaux francophones, il ne reste que deux personnes connectées: 50% de nouvelles recrues qui n'ont pas encore cumulé de droit au congé et 50% de musulmans pour qui Noël est un concept assez abstrait. Tout cela ne respire pas une très grande motivation. Je viens de boucler mes tâches de la matinée et je n'ai vraiment, mais alors vraiment pas la tête à démarrer autre chose. Enfin, il serait malhonnête de prétendre que j'avais dès le départ l'intention de bosser à fond un jour comme aujourd'hui...

Le téléphone sonne. Mon pote d'enfance se met en route pour la côte so dans une dizaine de minutes. C'en est trop! Sans même prendre le temps de signaler mon absence, je grimpe dans mon coupé sport monoplace et file en direction des crevettes.

Sur place, je repère immédiatement la bagnole du collègue qui est déjà à l'eau, le bougre avait un RTT de plus que moi en réserve. Le check est symbolique, je sais déjà que les conditions sont idéales pour moi et ma Cymatic. Je suis supposé attendre le report de la côte sauvage avant de me fixer sur ce spot, mais je soupçonne ce dernier de ne jamais arriver: à l'heure qu'il est mon pote doit déjà être en train de se frotter l'entrejambe contre sa planche à l'approche de la série de ses rêves. Je ne suis déjà plus qu'un lointain souvenir un peu flou dans sa mémoire de junkie.

Après m'être changé en 4è vitesse, je file à l'eau non sans oublier de remettre une petite touche de wax sur le blanc Colgate™ de mon deck. Il s'agirait de ne pas gâcher la session par manque d'adhérence! Pas de barre à franchir, je tombe rapidement sur mon vacancier qui attend, lui, sa "dernière" vague. Nous taillons la bavette un petit quart d'heure, le temps pour moi de commencer le gavage et pour lui d'enquiller une demi-douzaine de dernières vagues. Puis je le vois disparaître pour de bon. Sans plus de compagnie pour me distraire, je passe en mode "prédateur du peak".

La taille et la puissance des vagues sont idéales pour moi et ma planche, bien que ça ferme un peu vite à mon goût et que mes Clay Marzo Techflex ne soient pas top pour ces conditions. Vivement le paquet sous le sapin! Cela ne m'empêche toutefois pas de prendre énormément de vagues et d'associer la qualité à la quantité. Le trou laissé par le départ de mon camarade est vite rebouché par des concurrents potentiels. Je me pose quelques instants pour une analyse de la situation.

Au large, un Paddle se régale sur les plus grosses séries. Le mec est complètement hors concours, il capte les vagues tellement loin qu'il a le temps de finir sa glisse et de sortir se replacer avant même d'arriver à notre hauteur. Ce n'est pas lui qui privera un quelconque surfeur de son quota de vagues aujourd'hui! Plus près de moi, un vieux sur un longboard rate série sur série en jurant. Il a beau avoir l'air bien vénère, je le raye immédiatement de ma liste mentale des gens à surveiller. De part et d'autre de ma position, deux mecs, qui ont l'air de surfer ensemble, sont placés pour potentiellement capter les mêmes vagues que moi. Le premier, un petit gros sur une planche en mousse déco "malabar bi-goût" (fraise/banane) ne présente manifestement pas de risque de concurrence à court terme, et le second, un maigrichon barbu sur un shortboard hyper étroit, échoue à trois reprises à prendre sa priorité sur des pentes où nous étions tous deux placés favorablement.

Le verdict est sans appel, je vais pouvoir imposer ma suprématie sans partage sur ce peak pour la prochaine poignée de minutes à venir. C'est pas Nowèle pour rien! Les vagues ferment toujours mais le simple fait de se manger une mousse dans ces conditions est déjà une source inégalable de plaisir. J'enchaîne les glisses sans la moindre contrepartie jusqu'à ce que je décide de changer de peak, histoire de me replacer en face du parking dont le courant m'a légèrement éloigné.

Cette fois, je dois partager les séries avec un type sur une jolie fish qui prend tout ce qu'il doit prendre, propre et sans bavure. La répartition se fait tout naturellement: je glisse pendant qu'il remonte au peak et vice-versa. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Ça doit bientôt faire deux heures et demie que je suis à l'eau quand les choses commencent à se gâter. Deux heures et demie, c'est à peu près la durée pendant laquelle ma peau peut supporter le frottement des renforts de couture situés sur les homoplates de ma 5/4. Chaque fois que j'ai dépassé cette limite symbolique avec cette combi sur le dos, je suis ressorti de l'eau avec des ampoules à l'emplacement exact de la triple couture qui attache ensemble dos, épaules et cou. Or, je sens clairement à présent la brulure s'installer sur mon côté gauche, ce qui tombe plutôt mal car je n'ai pas du tout envie de mettre un terme à cette session incroyable!

J'ai beau tirer sur la couture dans une vaine tentative d'offrir à l'abrasion quelques centimètres carrés de peau intacte, le néoprène revient toujours en place au bout de quelques coups de rame. L'introduction par le cou d'eau glacée, dans le but d'anesthésier la douleur, ne se révèle pas d'avantage être une solution durable. Je dois donc rapidement me résigner à écourter la baignade, d'autant que le côté droit commence à son tour à me démanger. Et il n'est pas question de compromettre les sessions potentielles de ces prochains jours pour cause de blessure (on ne sait jamais, entre deux repas de famille...)!

Pour autant, "rentrer" ne signifie pas "rentrer comme une merde en faisant la luge dans la mousse". Cette session mérite un bouquet final digne des conditions du jour. Je prends donc mon mal en patience, et me positionne pour capter "la" vague qui me ramènera au bord.

Une dizaine de minutes plus tard, je pose mon troisième roller sur une superbe gauche qui ne cesse d'ouvrir et offre à ma planche toute la puissance et l'accroche dont elle a besoin pour envoyer des gerbes d'eau jusqu'au parking. Décidément, j'ai vraiment dû être sage cette année pour être gâté à ce point! Merci qui?

Merci papa Noël!

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PS: ceux qui ont pensé "Merci Jacquie et Michel" n'ont pas été sages cette année! Ils recevront la visite du père fouettard... Hmmm, oh oui!

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