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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Session bi-goût

La guérite, 12h30.

Bon, à vue de nez, c'est pas fameux... D'ailleurs, le gars en longboard qui vient de sortir de l'eau me confirme que "c'est pas fameux". En même temps, avec les conditions qui durent depuis deux semaines, c'est vrai qu'on devient vite exigeant! Mais regardons les choses en face: il fait un temps magnifique et ce serait dommage de se priver d'une baignade, autant que d'avoir fait la route pour rien. J'ajoute, à la liste des bonnes raisons d'aller à l'eau, le fait que c'est probablement la dernière occasion de trouver des vagues surfables avant plusieurs jours... Ma décision est donc prise sans grande difficulté. Je waxe la grosse Bertha avant de m'élancer à l'assaut de ces vagues un peu molles.

En m'asseyant dans le coffre ouvert de mon camion pour enfiler les jambes de ma combi, un grincement sourd attire mon attention. Tiens, c'est marrant, le parking bouge... Oh putain! Je me précipite (pour autant qu'on puisse se précipiter avec la combi remontée à peine plus haut que les genoux, et la démarche de manchot empereur qui va avec) jusqu'à la portière conducteur pour tirer en catastrophe sur le frein à main, avant que mon véhicule ne traverse le parking de la guérite en roue libre, la grosse classe! Une chance qu'il n'y ait personne à mater. Je la sens bien cette session: je ne suis pas encore à l'eau que je commence déjà à faire de la merde... Pour la peine, une fois prêt à partir, je refais trois fois le tour des portières histoire d'être sûr que je n'ai pas oublié d'en fermer une.

70 cm de restes, un vent on-shore, mais qui s'est calmé depuis quelques heures. C'est pas si pire que ça en a l'air en fin de compte! J'enquille rapidement mes premières vagues, aidé par le volume de mon paquebot (50l pour 7', c'est du lourd). Sur l'eau, une poignée d'irréductibles me tient compagnie. Deux gars qui se connaissent manifestement étaient placés avant mon arrivée. Le premier se la joue chill en longboard pendant que son pote envoie quelques virages sympas sur... UN KNACKI BALL?! Bordel, et moi qui croyais être le seul à avoir acheté l'inénarrable saucisse bleu Harpic™ de chez décath. Me voilà à présent en train d'envier mon copain de planche! Son gabarit n'est pas beaucoup plus petit que le mien, si ça se trouve, moi aussi je pourrais enchaîner les virages avec ma gondole à géométrie variable.

Il faut dire qu'avec la grosse Bertha, c'est rarement l'éclate: Oui, elle fait le boulot. Oui, je chope des vagues. Mais les virages sont ultra poussifs et le volume de la planche, bien sur l'avant pour partir plus tôt, lui procure une inertie carrément handicapante pour manoeuvrer court. Ça va faire bientôt une heure que j'aligne les descentes "down the line" sans grand frisson et je commence déjà à penser au paquet de Dinosaurus™ qui m'attend dans la boite à gants. A côté de moi, un nouvel arrivant rame sur une fish assez courte et réussit à accrocher plusieurs pentes à la suite sous mon regard envieux. Le sort en est jeté, c'est l'heure de ma deuxième session.

De retour au camtard, je range l'hydrofish dans sa chaussette et dégaine la planche de la situation: Evo mon coeur, Evo mon amour. J'arrive au bord de l'eau juste à temps pour voir les deux potes de tout à l'heure sortir, nous ne serons plus que deux à profiter des quelques séries qui sortent du lot. J'ai même l'impression que ça a un peu grossi depuis mon premier check. Les pentes ont l'air plus régulières et plus consistantes.

Rapidement, je constate que mon intuition ne m'a pas trompé (ou alors l'Evo marche mieux que la grosse Bertha, même dans le mou). En quelques minutes, j'enchaîne plusieurs vagues tout à fait acceptables, et accumule plus de sensations qu'au court de l'heure écoulée. Ma planche glisse comme il faut et tourne comme je le lui demande, c'est un vrai plaisir de jouer à faire l'ascenseur sur les pentes les plus raides que la providence m'envoie. J'en perds la notion du temps, et réalise bientôt que je suis désormais seul à l'eau, aussi loin que porte mon regard.

La conjecture de cette soudaine solitude et d'un grondement intestinal me fait penser qu'il est sans doute bientôt l'heure de sortir. "La dernière" annonce-je à ma propre intention. Tel un écho à mon appel, une chouette gauche s'avance vers moi. Elle m'offre une belle reforme et me laisse le temps d'aller à deux reprises chercher la lèvre bien haut avant de replaquer ma planche dans le sens de la descente. Cette vague fait sur moi l'effet d'un gâteau apéritif bourré de glutamate: j'éprouve à présent un désir insurmontable d'en prendre une autre.

Or, s'il est une vérité absolue avec les gâteaux apéritif au glutamate, comme avec le surf, c'est qu'il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. Et la nature allait me punir de ma gourmandise: je commence sans le savoir la longue attente d'une vague qui ne semble pas vouloir arriver. Les séries s'espacent et diminuent en même temps que mon espoir d'en profiter. J'ai subitement l'impression d'être en boite de nuit quelques minutes avant la fermeture, ils ont baissé la musique et éteint les strobo pour inciter tout le monde à partir, mais je n'ai toujours pas pécho la meuf qui me ramènera chez elle... En l'occurence, pour moi c'est une vague qui doit me ramener au parking.

En ramant vers la plage pour tenter ma chance dans la reforme, je ne peux m'empêcher de penser que, COMME D'HABITUDE, c'est le moment que choisira la série de l'improbable pour débouler de nulle part et me péter dessus. Mais pour une fois, mon pessimisme se révèle injustifié et je me fais cueillir par une dernière petite gauche sympathique qui me ramène jusque dans la zone blanche où s'ébat un gamin en bodyboard sous le regard attendri de ses parents.

En remontant la dune, je jette un dernier regard en arrière et balaye l'horizon: je ne vois plus personne à l'eau des crevettes jusqu'à Ste-Barbe. Cet instant a un petit goût de fin du monde, a minima de fin des conditions. Les dernières lignes d'écume roulent mollement jusqu'à la grève, en attendant l'arrivée imminente du vent et de son clapot qui vont sévir plusieurs jours et pourrir toutes les sessions potentielles du weekend. Grimpant la dune par l'autre accès, une femme tenant un longboard sous le bras est en route pour démarrer sa session, qui je l'espère ne sera pas trop décevante malgré la tournure que semblent prendre les choses. Pour ma part, j'estime avoir eu la chance de profiter des derniers instants praticables avant dieu sait quand. Et c'est très bien comme ça...

...parce que comment voulez-vous que je trouve le temps de tondre ma pelouse s'il y a des vagues tous les jours?!

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C
session fun j'ai trouvé avec un twin , et j'était seul sur la guérite cet aprem y'avais bon avec la bonne board.
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U
Ben tant mieux, j'aurais pas misé gros au moment de sortir!
A
Ah alors c’était pas toi sur la planche verte....;-) <br /> Il enchaînait bien le mec ... <br /> j’ai failli aller voir mais comme tu étais potentiellement entre potes... :-) Mais l’envie ne me manquait pas de venir te demander pourquoi la knacki aujourd’hui? :-)) <br /> Perso, j’ai pas adoré cette session mais j’avais besoin de me changer les idées après la loose du matin au boulot ... mais depuis quand les sauvegardes de 3h de taf ne fonctionnent pas ??? Même quand tu prends bien soin de les faire régulièrement... bref :-)))<br /> J’ai quand même eu l’impression d’être constamment mal placé et un peu flemmard après tous ces derniers jours où on a quand même pas mal ramé! Du coup ben je me faisais régulièrement enfermé :-))
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U
On ne va pas se plaindre... Après tout on l'a bien cherché.
A
Et au fait, Ali il te laisse récupérer correctement entre tes sessions ;-))?
A
Oui alors je t’ai bien vu re rentrer... j’avais dérivé un peu pendant ton changement de planche du coup je suis sorti à peu près à ce moment là...
U
Et non, moi j'étais en grosse bertha, puis en Evo. Mais j'avoue que si j'avais eu le knacki ball... D'ailleurs, je l'ai remis dans le quivermobile direct en rentrant :-D