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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Amourpropropathie

La guérite, 12h45.

La guérite... Ou devrais-je dire Tata Beach? Je ne sais plus! Depuis que j'ai commencé à fréquenter ce bout de côte, je n'ai pas rencontré deux personnes qui s'accordaient sur l'emplacement exact de la légendaire plage nudiste. Selon les sources, il s'agit soit de Ty-Hoche, soit des crevettes, soit du Mentor... Et aujourd'hui voilà qu'on m'annonce qu'en fait c'est la Guérite! J'y perds mon latin. Et si je dis "légendaire plage nudiste", c'est parce qu'en deux ans de fréquentation assidue, je n'ai jamais croisé la moindre paire de testicules en train de prendre l'air au pied des dunes. L'existence même de cette plage relève donc, en ce qui me concerne et jusqu'à preuve du contraire, de la légende urbaine.

Mais à cet instant précis, j'avoue que l'existence (en encore moins l'emplacement) de la fameuse Tata m'indiffère totalement. Cela fait presque deux semaines que je n'avais pas vu de telles conditions, et même une horde de phoques violeurs ne saurait me décourager d'aller à l'eau. Nous avons donc un petit mètre presque propre creusé par un léger vent de terre, une barre inexistante (même s'il semblerait que ce ne soit pas l'avis de la concurrence... J'imagine que mon seuil de tolérance à la barre est plus élevé que la moyenne), une grosse envie de décrasser la Cymatic, et un enthousiasme partagé avec le collègue qui a fait la route avec moi. Tous les voyants sont au vert.

D'emblée, je place la barre assez haut: Hors de question de me contenter d'enchaîner les take-off sur les fermantes! Vu la propreté relative des conditions, et la présence d'un public, je me fixe pour objectif de trouver les vagues les plus ouvertes et d'enchaîner au moins quelques rollers. Et si la première vague se révèle assez satisfaisante en la matière, c'est à partir de la deuxième que les choses se corsent. Mes exigences au delà du raisonnable déclenchent une phase anticipée de loosage au cours de laquelle je me place successivement trop haut pour capter les petites séries et trop bas pour ne pas prendre les grosses sur la gueule. Mon timing frise avec la perfection en matière de ratage et j'accumule rapidement une succession de prestations à la limite du ridicule.

Pour couronner le tout, un vieux (ce qui, vu mon propre état avancé de maturation, n'est pas peu dire) vient me coller aux basques pour me piquer mes vagues. Le gusse, en plus de se payer le luxe d'être le sosie officiel de Willem Dafoe (mais si... Cet acteur qui jouait Norman Osborne alias Le Bouffon Vert dans le film Spider-Man en 2002!), est aussi agressif sur le placement qu'il a l'air bancale sur son surf. Avec une précision millimétrique, il vient se poser juste à ma droite dans l'espoir de choper la prio sur la gauche en approche. Manque de bol, les séries décalent depuis le début à cause du courant et la vague ouvre de l'autre côté. Qu'à cela ne tienne, mon nouvel ami n'aura pas fait le voyage pour rien: il s'engage juste devant moi, me coupant la route de façon magistrale alors que ma planche était en pleine accélération. Je plante le cul de ma board juste à temps pour ne pas le couper en deux et me laisser emporter par la mousse. Quelques secondes plus tard, le type daigne se retourner pour m'adresser un "désolé" de la main.

Désolé mon cul! J'éprouve la même frustration que lorsqu'un camion grille un stop juste sous mon nez avant de me faire "merci" par la fenêtre. Comme s'il m'avait laissé le choix d'éviter l'accident... Et pour couronner le tout, ma suite de vagues à moitié ratées ne semble pas vouloir prendre fin et j'en suis maintenant rendu à espérer que personne ne me regarde quand je me fais lamentablement ramasser par l'écume après avoir raté un énième top turn et planté le nose dans la descente. Quelque chose me fait mal à l'intérieur. Je crois que je me suis fait un claquage à l'égo.

Après un moment, je repère un visage qui me semble familier. Le type a une planche plutôt pointue et des chaussons à semelle jaune. Pour un peu je parierai que c'est l'un des lecteurs avec lesquels nous nous croisons régulièrement sans jamais oser nous reconnaître. Lui semble épargné par la guigne qui me colle aux basques et envoie de jolies gerbes d'eau sur les vagues les plus péchues. Au moins, cette session fait des heureux.

La guigne, justement, je ne suis hélas pas le seul à en profiter. A quelques mètres de moi, mon champion de la taxe a pris le collègue pour cible. Poussé par une vague providentielle, il lui fonce droit dessus pendant que ce dernier rame innocemment vers le peak. La collision a beau être évidente depuis le début de son périple, le bougre n'en dévie pas sa course pour autant et vient magnifiquement s'écraser sur mon acolyte impuissant. Dans un effort tardif pour ne pas lui débiter sa planche en rondelles, il se jette carrément sur sa cible, les mains en avant, pour l'écarter de la trajectoire de son projectile de mousse et d'epoxy. Hélas, sa planche à présent sans cavalier se fait soulever par le vent de terre et retombe en plein sur la scène du crime. Connaissant mon loustic, j'imagine déjà comme le terroriste doit passer un sale quart d'heure...

Encore quelques vagues, certaines "bof bof", d'autres "moyennes", et une poignée de "ah, enfin" et mon horloge intestinale m'indique qu'il est déjà l'heure de sortir de l'eau. Il ne faut d'autant pas jouer avec la montre qu'aujourd'hui, le boss est descendu de paname pour nous rendre visite. Reprendre du service à 15h30, ça le fait moyen pour avoir une promotion. Ma stratégie est donc de me rapprocher du bord en attendant la vague qui pourrait me déposer sur la plage. Mauvaise pioche, je prends sur la tronche toutes les grosses vagues venues de loin qui auraient pu me servir de charter, et échoue à décrocher les reformes trop molles qui sévissent à ma hauteur. Au bout d'un interminable quart d'heure, je me résigne enfin à faire la luge dans les mousses jusqu'aux pieds des bécasseaux venus picorer le sable humide.

La douleur s'intensifie, au claquage à l'égo s'ajoute à présent une entorse à l'amour propre.

Heureusement, comme le fait à très juste titre remarquer celui qui me tient compagnie sur la route du retour: "C'était quand même une chouette session, la meilleure depuis plusieurs jours. Ce serait con de bouder son bonheur". Il a raison, malgré toute la loose, j'ai passé un agréable moment...

...ou bien était-ce grâce à elle?

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J
Pardonnez les fautes de frappe. Sans le "cette" et "est" non pas "et"
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J
Il ressemble vraiment à cette Willem Dafoe le taxeur fou? Auquel cas son surnom et en effet tout trouver ... Coïncidence ? je ne pense pas!!
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A
La plage nudiste est délimitée par des panneaux, elle se situe a une centaine de mètres a droite de l'entrée de sainte-barbe.<br /> L'oeil opportun aura cependant l'occasion d'admirer une belle paire de fesses de surfeur tout au long de cette bande côtière
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U
Plusieurs plages nudistes... ça explique la confusion générale.
C
Il en existe 3 sur le trait de côte, des plages nudistes , celle entre l'anse de kerhillio et stb signalisées par un panneau, les autres un peu plus undergound car non signalées mais pas que , vaguement situé de la guérite à mentor , et la plus dangereuse et à juste titre la tata beach c'est après mané gwen en direction st pierre.<br /> Je peut t'assurer que quand tu passe à pied dans cette zone tu fait pas la malin, surtout quand tu vois le gros robert te mater du haut de la dune, alors qu'il y fait des truc bizarre.<br /> Je ne te parle pas non plus des petits textes écris dans les blockhaus du coins qui sont le témoignage d'une activité particulière,<br /> Franchement pour les conditions aux crevette si c'était bien le 5 que tu est passé , j'ai trouvé qu'elles étaient sacrément mole, même si il y avait certaines séries potables, tes potes avait raison vers 12h une petite barre c'est formée, mais je suspecte des baines côté mentor , de plus ça à fini par être multipeak vers midi justement ce qui n'a pas aidé.
U
Ah, enfin une information utile! Merci