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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Rééducation

Chez moi, 8h30.

C'est décidé, aujourd'hui je vais à l'eau! Ma décision est certes tardive si l'on considère que je viens d'engueuler copieusement les mômes pour qu'ils montent dans la voiture "parce qu'à cause de vous on va être en retard pour l'école", mais elle est irrévocable. Du coup, pendant que mes enfants attendent dans la bagnole en digérant leur part de tarte à la phalange, je commence à remplir mon coffre.

Les prévisions ne sont pas fofolles et j'ai l'intention d'y aller pépère pour la reprise, je charge donc en toute logique le longboard, pour une glisse en mode facile. Au cas où ça pousserait un peu, j'ajoute évidemment l'Evo. Il s'agirait de ne pas mourir d'ennui et/ou de frustration si jamais il y avait moyen de planer sans ramer. Pour la Mystery Box, la question ne se pose même pas, elle fait partie du package de base. Et comme il reste une place de libre dans le râtelier du coffre, j'y glisse la Cymatic, parce que j'ai horreur du vide. Enfin, à ce stade de notre relation, il est exclu que je m'éloigne de Linette plus de quelques minutes (oui, je sais... mais il fallait bien que je lui trouve un petit nom! Si vous avez mieux, je suis preneur). Je l'ajoute donc au reste de la cargaison, avec l'intention malsaine de revenir la mater à chaque pause café.

La matinée de boulot et longue, très longue. Et la multiplication des pauses café/matage-de-planche n'arrange rien à mon envie pressante d'aller en découdre avec les éléments. Aussi, au moment où ma collègue range son sac, je me volatilise dans un nuage d'écume, tel un ninja surfeur. Direction la guérite!

En arrivant dans le parking, je suis remonté comme un coucou suisse. Avec un peu plus de temps et une meilleure marée, j'aurais volontiers poussé jusqu'à la côte sauvage, mais prudence est mère de sûreté et les grandes plages constituent un terrain d'essai idéal pour mon coude convalescent. Au moment de vérifier l'état de la mer, j'ai l'excellente surprise de constater que les vagues sont bien plus belles que ce que les modèles météo me laissaient penser. Une hauteur de hanche bien propre dans les séries, et une petite brise side-off qui creuse la houle et la fait ouvrir à gauche. De nombreux surfeurs sont debout (ce qui est plutôt bon signe) et certains déroulent de beaux morceaux qui ouvrent sur plusieurs dizaines de mètres: On dirait bien que j'ai eu raison de prendre l'Evo!

La session démarre tranquillement. Pour ne pas risquer la sur-blessure, je rame tout doucement face à une barre inexistante. Une fois placé, je fais jouer l'effet bouchon de mes 39 litres pour m'engager sans forcer dans les vagues les plus franches. Par chance, je réalise rapidement que le take-off ne pose pas le moindre problème à mon articulation, mon geste me permettant naturellement d'éviter l'extension complète. Je commence donc par dérouler quelques vagues pépère, histoire de prendre mes marques. Avant d'attaquer plus franchement. Mes courbes deviennent rapidement de plus en plus engagées et je m'autorise même quelques petits rollers.

J'enchaîne vague sur vague sans souffrir le moins du monde et tout se passerait à la perfection si un vieux quadra (ou un jeune quinqua, je ne sais jamais faire la différence) n'avait pas choisi depuis quelques minutes de venir se coller à moi et d'adopter un placement hyper agressif. Profitant de mon manque évident de mobilité (c'est à peine si je rame pour me replacer), le type me tourne autour dans tous les sens, tentant systématiquement de me snaker sur les séries en approche. Par chance, il loupe son coup plus souvent qu'à son tour et je me retrouve en prio sur les trois quarts des vagues qu'il essaie tant bien que mal de me piquer. Comme quoi, il y a une justice en ce bas monde...

Ça fait une bonne heure que je suis à l'eau et les séries me semblent à présent de plus en plus consistantes. Parfois même, des vagues à hauteur d'épaule déferlent plusieurs mètres au dessus de ma ligne de placement. En voyant ces pentes raisonnablement puissantes, et largement prenables avec une planche plus petite, l'idée germe à présent dans ma tête: C'est sûr que c'est loin d'être les conditions idéales pour elle, mais bon... Elle est dans le coffre, de l'autre côté de la dune. Ce serait dommage... non... criminel de ne pas l'essayer, juste pour voir. Et puis je dois vérifier si elle flotte, par pur intérêt scientifique. "Et ton bras? Il va falloir ramer autrement plus fort avec celle là!" me dit le petit bonhomme blanc qui habite mon cortex frontal. "Allez quoi, c'est bon! Tu viens de faire une heure de rééducation, tu es guéri!" répond le petit bonhomme rouge qui squatte le cerveau reptilien.

Après un court combat à l'issue prévisible entre le désir et la raison, je reprends le contrôle de mon corps alors que celui-ci venait de finir de ranger l'Evo dans le coffre du camion. A court d'alternatives, je m'empare alors, tremblant d'émotion, de celle qui m'attendait là, comme une belle au bois dormant qui se languit de son prince charmant. Quelques instants plus tard, me voilà marchant de nouveau vers la plage, tenant ma planche neuve de façon ostentatoire afin que tout le monde puisse profiter du spectacle. La magie ne tarde pas à opérer: tout le monde s'en branle.

C'est avec une excitation mêlée d'anxiété que je m'allonge sur mon nouveau flotteur. Il faut dire que son shaper m'a fait carrément flipper en me balançant un truc du genre: "Ah, t'es blessé? Fais gaffe, on prend du poids dans ces cas là. Ta planche va finir par être trop petite...". Heureusement, les premiers coups de rame sont plutôt rassurants: elle me porte très bien et je n'ai aucune difficulté à progresser vers le large. En revanche, la perte sèche de 5 litres par rapport à l'Evo transforme les canards en véritable partie de plaisir. Je n'ai aucune difficulté à faire plonger le flotteur et à le manipuler à ma guise. Avant même d'avoir pris ma première vague, j'ai déjà le sentiment d'avoir trouvé mon volume de planche idéal.

Une fois placé (et vérifié au moins trois fois qu'il n'y avait personne dans mon voisinage immédiat qui soit susceptible de me foncer dedans et d'abîmer la belle), je décide de faire preuve de patience et d'attendre LA vague qui me fera apprécier ma nouvelle planche à sa juste valeur.

Moins de dix secondes plus tard, je me jette comme un crevard sur le premier train de mousse qui passe à ma portée. En un instant, les informations affluent vers mon centre de traitement de données. Déjà, je n'ai eu aucune difficulté à déclencher un planning malgré ses cotes réduites et la qualité misérable de la vague, ce qui constitue une agréable surprise. Ensuite, le tail largement plus étroit que celui de l'Evo ou de la Cymatic n'a pas posé de problème majeur pour trouver mon appui pied arrière lors du take-off, comme je l'avais craint au départ. En revanche, j'ai clairement senti une instabilité au moment de me lever: manque de portance lié à l'écume et aux remous, ou conséquence logique du shape? Je parie sur un mélange des deux. Une fois debout, la courbe du dome deck (il fallait bien caser tous ces litres quelque part) est clairement perceptible sous mon pied avant. Un détail auquel il va falloir que je m'habitue. Enfin, des appuis trop reculés par rapport à la puissance de la vague m'obligent à exercer une forte pression sur le pied avant qui n'est pas des plus confortables. Pour une première fois, ce n'est pas l'explosion orgasmique tant espérée, mais la planche a clairement fait le taf vu la dégueulasserie de vague que je viens de lui imposer.

Vague après vague, nous faisons connaissance. Bien qu'évidemment moins stable qu'une planche plus large, je trouve néanmoins le take-off très facile dès lors que la vague porte un minimum. Et en sélectionnant soigneusement les séries adéquates, je peux à nouveau reculer mes appuis et faire jouer des rails pour goûter à mes premiers virages... Et quels virages! A la moindre sollicitation, la planche change de cap en dessinant des angles obscènes. Pour autant, sur les quelques modestes accélérations offertes par les vagues les plus pêchues de la session, elle ne m'a jamais donné l'impression de pouvoir devenir imprévisible. Il faudra évidemment confronter ce sentiment aux conditions plus musclées pour lesquelles elle a été conçue.

A l'occasion d'un take-off complètement à l'arrache, au cours duquel la vague avait allègrement commencé à me soulever par l'arrière de façon incontrôlée, je découvre avec bonheur l'avantage d'avoir un nose plus long et relevé que sur mes savonnettes habituelles: au lieu de me retrouver à enfourner comme je l'aurais inévitablement fait avec l'Evo, la Cymatic ou la Mystery box, je me surprends ici à reprendre sans effort le contrôle de la pente. Encore une raison de penser que ce shape est décidément tout à fait adapté au programme que je lui réserve.

Au bout d'un moment, un type au look "surf" parfait (cheveux longs et barbe de 3 jours, regard ombrageux façon Aragorn dans "le retour du roi") commence à me coller aux basques. Manifestement plus léger (d'une dizaine de kilos je dirais) et équipé d'un flotteur plus volumineux, il me fait craindre une concurrence déloyale. Mais c'était sans compter sur la facilité avec laquelle ma nouvelle planche enchaîne plannings et canards. Rapidement, je perds le compte des vagues sur lesquelles il pensait pouvoir s'engager à mes dépends, et où ma belle lui a donné tort. Ce n'est que par crainte d'une collision dont la probabilité augmentait avec son insistance à ne pas me lâcher la grappe que je décide finalement d'aller voir ailleurs pour me finir au calme.

En définitive, s'il ne fallait retenir qu'une seule qualité à cette planche à l'issue de cette première session, c'est qu'il ne m'a suffit que de quelques minutes pour me sentir à l'aise avec elle. Après seulement une poignée de vagues, je me surprenais à tenter des virages de plus en plus serré, et à envoyer des rollers sans effort. Comble de l'autosatisfaction, je suis même parvenu, à l'issue d'une vague pas vilaine, à arroser d'un puissant bottom l'innocent débutant qui squattait la zone blanche en dessous de moi, avant de me rallonger sur ma planche comme un boss pour enchaîner direct sur un canard... Le genre de truc que je n'aurais même pas rêvé de tenter l'automne dernier...

Bref, c'est bel et bien avec des étoiles pleins les yeux que je me rhabille aujourd'hui. Avec au compteur une session satisfaisante à bien des égards, et surtout avec une énorme envie d'y retourner le plus vite possible.

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D
Salut, j'ai bien rigolé aussi "avec le tout le monde s'en branle" et tout le reste.<br /> Sympa, de voir qu'un surfeur s'éclate avec son nouveau pégase.<br /> Noël c'est quand déjà ???
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U
On parle bien du troisième Noël de l'année là?
C
J'en peux plus ! balance les côtes. =P<br /> Tu m'a bien fait marrer "La magie ne tarde pas à opérer: tout le monde s'en branle."
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U
Le template de base, c'est son modèle SBP1. Puis il l'a adapté à mes attentes.
C
Merci, ah ouai, super étroite, très perf. il a bien geré avec ces côtes pour cacher le volume effectivement !
U
6'1" x 19' 7/8 x 2" 3/4 => 34 litres<br /> <br /> Pour conserver des rails fins malgré l'épaisseur nécessaire à créer le volume, FX a taillé le deck en forme de dôme. On observe le même phénomène sur la Cymatic, bien que moins marqué.