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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Fat

Les crevettes, 11h45.

La vache... Papa_école_surfeur n'avait pas menti, les conditions sont épiques! Le spectacle est d'autant plus surprenant qu'il est soudain: hier à la même heure, 40cm de mousse poussaient péniblement le cul de mon Evo à la côte sauvage. Rien ne laissait alors présager ce que j'ai actuellement sous les yeux. Des vagues deux fois vachement plus hautes que les mecs à l'eau, parfaitement glassy et dont la lèvre se projette parfois vers l'avant d'une manière encourageante. Sur le report du forum breton, on parle de 3m. Le chiffre ne m'étonne même pas. Évidemment, on est sur de la vague de type "grande plage" un peu molle... Mais même en dépit d'un incontestable manque de raideur, avec un tel volume d'eau le déferlement se fait dans une explosion de puissance presque effrayante.

Anticipant une succession de drops plus ou moins à l'arrache, je jette mon dévolu sur Linette. Hors de question d'aller chatouiller un bowl plus haut que moi avec un tail élargi comme celui de la Cymatic. Je renonce à la possibilité de m'offrir quelques départs sur l'épaule pour mieux garantir ma survie au cœur de l'action. Le collègue, qui a fait la route avec moi, préfère assurer le côté mou avec son micro-malibu. Comme quoi, chacun voit midi à sa porte. Je ne crois pas m'être jamais changé aussi vite, je suis complètement extatique à l'idée d'aller profiter de la première vraie grosse session de l'hiver.

Aucun problème de mise à l'eau. Malgré la taille des vagues, une période complètement dingue de presque 20 secondes laisse tout le temps de progresser entre deux canards. A cela s'ajoute le vent offshore qui nous pousse au large. Nous nous plaçons sans le moindre effort. Plus au sud, un peak a l'air de bien fonctionner mais les gars sont une demi-douzaine à attendre leur tour. Dans l'immédiat, nous décidons de tenter notre chance sur place. Nous réalisons rapidement que les vagues sont effectivement aussi molles qu'elles en ont l'air. Difficile de bien choisir sur quel bout se lancer! A ce stade, j'ai déjà acquis la conviction que cette séance ne m'offrira qu'une poignée de glisses, mais que chacune d'entre elles sera mémorable. Alors qu'une première vague se met enfin à creuser à ma hauteur, je décide de la refuser au dernier moment: dévaler un mur de deux mètres en chute libre pour me faire immédiatement enfermer derrière, très peu pour moi. Le succès de cette session dépendra avant tout de choix judicieux, et non de ma propension à sauter sur tout ce qui bouge.

Nous poussons finalement vers le sud, en direction du peak qui fonctionne le mieux. Tout en restant à l'écart du peloton, j'espère toucher une marginale qui déferlerait à ma hauteur. Bientôt l'opportunité se présente sous la forme d'une gauche qui a déjà commencé à dérouler et dont la poche me fonce droit dessus. Sans même ramer, je me laisse cueillir par la vague pour un départ pleine balle. Au dernier moment, je jette un dernier coup d’œil à l'inside pour m'assurer que je ne mets personne en danger... MISÈRE! Une ombre est déjà placée à quelques mètres de moi. C'est trop tard pour refuser. Je m'engage en haut de vague, la planche à 45°, de sorte à sortir le plus tôt et le plus proprement possible. En dessous de moi, la pente m'appelle de tous ses vœux, la vague creuse comme dans un rêve et il ne me suffirait que d'une pichenette pour franchir le mur du son. Mais la raison est la plus forte, et je m'échappe de justesse avant que la lèvre ne forme un barrage infranchissable. Le temps de me rallonger sur ma planche, et je distingue clairement un bodyboarder ressortir la tête de l'eau au milieu de la zone d'impact. Le mec s'était irrémédiablement fait enfermer, la vague était pour moi, je suis sorti pour rien...

Pour mieux digérer la frustration d'avoir loupé cette occasion, je tente de me féliciter intérieurement d'avoir su être raisonnable. Après tout, une fois le dos tourné à la pente, il m'aurait été impossible de voir et d'éviter le mec dans l'éventualité où il s'en serait sorti. Dans le doute, j'ai certainement bien fait de m'abstenir... Il n'en reste pas moins que j'ai toujours besoin d'une "première vague" à valider pour lancer la session.

Quelques minutes plus tard, c'est une droite qui se pointe rien que pour moi. Drop des enfers, descente à mach 2 suivi d'une grosse raclée: le bar est ouvert, sortez les demis! J'enchaîne presque immédiatement sur une gauche tellement haute que j'ose à peine regarder en l'air. Après un long bottom à la limite de la perte de contrôle, je trace quelques secondes le long de la rampe de lancement avant que la lèvre ne s'abatte impitoyablement sur moi. Sous le poids de l'eau, ma course s'arrête net et je m'enfonce à la verticale dans les profondeurs de l'océan. Après de longues secondes de brassage, je ressors enfin la tête de l'eau avec le sourire jusqu'aux oreilles.

Les vagues suivantes sont de plus en plus espacées. A force de dériver vers le sud, j'ai atterri entre deux peaks dont la houle croise pour un résultat pas fameux. Et lorsque je réussis bon an, mal an, à m'engager sur une droite particulièrement grasse, c'est pour mieux me faire propulser dans les airs par un petit coup de backwash sorti de nulle part. A force de bouffer, drop après drop, je sens également mes forces m'abandonner progressivement. Arrivé à une heure de session, ce qui correspond tout au plus à une petite huitaine de vagues, toutes extrêmement violentes, je commence à envisager une sortie imminente.

Pour ne pas filer vers la plage la queue entre les pattes, j'essaie d'aller chercher une dernière fat mama un peu plus au large. Hélas je n'ai ni la chance, ni le talent du mec qui, au dessus de nous, enchaîne les descentes sans le moindre complexe. Toujours placé un mètre trop haut ou trop bas, je me fais alternativement exploser la tronche par des vagues déjà pétées, ou laisser pour compte par une pente trop molle. Renonçant à trouver mon bonheur dans un délai raisonnable, je retourne bientôt dans la reforme pour accrocher une droite qui passait par là. Alors que mon bottom se passait plutôt bien, un nouveau coup de grisou me fait sauter la planche de sous les pieds. Désarçonné, je tombe à cheval sur le rail avant de m'exploser le pif sur le deck.

En retrouvant le chemin de la surface, deux réflexions me viennent à l'esprit: primo, j'ai mal, il est grand temps de rentrer. Deuxio, il va vraiment falloir que je pense un jour à sortir de ma caisse-à-trucs-qui-puent le casque que ma femme m'a offert cet été. Pour l'instant, j'ai pas le réflexe, ya rien à faire. C'est pas que mon cerveau ait particulièrement de valeur, mais bon, j'ai fini par m'y attacher à force de vivre avec.

Je fais part au collègue de mon état déplorable. Nous décidons d'abréger la session sans d'avantage de délai... Enfin juste le temps de trouver une vague pour rejoindre la plage. Le problème c'est qu'une fois en mode "petite bite", ça devient compliqué de la trouver, la dernière vague. Surtout dans de telles conditions. Je passe un bon quart d'heure à looser avant de me décider -enfin- à rentrer au bord à la rame. Les séries surpuissantes me pètent dans le dos, je me fais touiller dans tous les sens, mais j'arrive vivant jusqu'au rivage.

Ya pas à tortiller du cul pour chier droit: c'était une sacré session!

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D
Salut, j'étais un peu plus au sud de toi, jamais vu des vagues aux grandes plages aussi puissantes.<br /> Quelques bon touillages comme vous dites, deux magnifiques wipeout (putain que c'étais raide, jamais vu ça). ET pour finir juste une vague de prise mais alors mon dieu que ça pousse fort, quand ta fais la bêtise de prendre qu'un fish retro et que tu te rends compte que c'est clairement pas le bon support. Le vite qui s'offrait à toi au moment de charger était juste effrayent (pas l’habitude de voir ça) mais en même temps tellement beau. Bref la belle excuse pour trouver la frangine à Linette.<br /> PS: l'après midi au boulot je ne pensais qu'à cette session, courte mais intense.
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D
Merci pour le tuyau percé.
U
> Bref la belle excuse pour trouver la frangine à Linette.<br /> <br /> Tu diras à FX que tu viens de ma part, il... ...n'aura pas la moindre idée de qui tu parles :-D
A
C’est dans ces moments là où tu te dis... bien lancé par un ptit scooter qui passerait par la .... Ok c’est de la triche mais dans ces conditions ça doit être cool... Idem 1 heure à l’eau, de toute façon je n’avais objectivement pas plus, 2 grosses descentes et glisses...3 fermantes mais à la vitesse où on allait on devait glisser quelques mètres quand même, 2-3 bon touillages et une énorme gamelle où placé un peu haut j’ai un peu trop insisté pour la prendre quand même et au moment de finalement vouloir la refuser pour préserver mon intégrité (ma vie ?lol?) il était trop tard... Me suis fait retourner en priant de ne pas rencontrer ma planche dans le tourbillon qui a suivi....Finalement tout s’est bien passé et j’ai sorti aussi la tête de l’eau avec le sourire et un waouh... elles sont quand même puissantes aujourd’hui!!
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U
Ouais, ça décrasse!