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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Et bonne année 2020!

"Et ma bonne résolution pour 2020, c'est de goûter à deux mille vins!
- Chaud! Et t'en est à combien là?
- J'ai pas commencé.
- Ah ouais... Nan parce qu'avec une moyenne de six bouteilles par jour, t'as déjà 24 bouteilles de retard là...
- Merde!"

Deux mecs avec une pinte.

Ok, j'ai peut-être un peu de retard sur mes objectifs annoncés au réveillon, mais je n'y croyais pas vraiment à cette histoire de toutes façons. Et puis, comme l'a dit ma femme, "Les bonnes résolutions, c'est comme l'éjaculation précoce: on veut bien faire au début, mais ça s'arrête vite". Une remarque aussi pertinente qu'inattendue de sa part dans là mesure où, à ma connaissance, elle ne fréquente pas d'éjaculateurs précoces (en ce qui me concerne en tout cas, je tiens toujours assez longtemps... La preuve, je jouis à chaque fois!).

Mais je diverge ("verge"), car ce n'était de toutes façons pas mon unique pari pour 2020. Pour 2020, j'ai décidé de faire du surf! Et pour ma première session de l'année, je suis pile à l'heure!

La guérite, 8h30.

A ma grande surprise, je ne suis pas le premier dans le parking. Il a beau faire encore nuit et un froid de canard, une rangée quasi-complète de bagnoles et de camtars attendent leur heure. Nul doute que d'ici une heure, les véhicules recouvreront le moindre centimètre carré de terre battue. La conjecture de prévisions potables et de fin de vacances n'y est sans doute pas étrangère, et l'envie me brûle de filer sans autre forme de procès pour être le premier à l'eau. Mais papa_école_surfeur arrive d'une minute à l'autre et si je ne l'attends pas, les chances de nous retrouver seront minces lorsque la foule aura envahie les peaks. Pour patienter, je monte la dune le temps d'un check rapide aux premières lueurs de l'aube. La houle est là. Pas parfaitement posée ni super propre, un peu molle à vue d’œil, mais largement assez consistante pour glisser.

Tranquillement, je me change à l'abri dans le coffre du quivermobile. Il me faut déployer des trésors de volonté pour ne pas céder à l'envie de consulter le report prémonitoire envoyé la veille par mon pote mentaliste. D'un côté ça me permettrait de savoir si je suis sur le point de faire le mauvais choix de planche, et d'un autre, j'ai peur que le fait de savoir à l'avance si la session sera moisie ou épique ne gâche mon plaisir. Je me contente donc d'enfiler mon attirail complet d'homme grenouille (gants compris) avant d'envoyer un ultime SMS à mon copain norvégien Armorik, qui sort tout juste de sous sa couette et envisage de nous rejoindre un peu plus tard.

Papa_école_surfeur arrive enfin. Je le regarde se changer tout en étalant une couche symbolique de wax sur le deck de la Cymatic. Tiens, c'est quoi cette fissure, là, le long du rail? Merde, la fibre accroche mon ongle! Je suis bon pour une répa en rentrant chez moi... Je colle ma bouche au rail et aspire de toutes mes forces pour vérifier l'étanchéité du bazar, aucune bulle ne s'échappe du pain de polystyrène. Au moins je vais pouvoir surfer.

Sur la plage, trois mecs font déjà leurs étirements lorsque nous arrivons au bord de l'eau, deux autres dévalent la pente ensablée côté guitoune. J'ai vu un mec partir quelques minutes plus tôt mais impossible de le localiser entre les lignes de mousse. Pour nous garantir quelques minutes de tranquillité, nous faisons l'impasse sur le superflu: Au diable l'échauffement, ramer devrait suffire à nous réveiller en douceur. Tout le gralcool du réveillon n'est pas encore purgé, mais je me sens notablement plus en forme que lors de ma dernière session. La barre n'est pas trop méchante et quelques séries pas vilaines déferlent au large, les voyants sont au vert.

La première vague sert habituellement de mètre étalon pour le reste de la session et, par un hasard que je n'explique pas, c'est généralement aussi ma meilleure. Or, cette session ne semble pas vouloir déroger à la règle car j'ouvre le bal avec une belle droite sur laquelle j'enchaîne longs bottoms et snaps, avant de devoir me contenter d'une suite de glisses un peu molles. Rapidement, l'inquiétude me gagne à l'idée que, comme souvent, je ne ferai pas mieux que ma prestation initiale.

Heureusement, entre deux drops en mode rush sur des vagues qui se volatilisent aussi vite qu'elles se dressent, je trouve de quoi me rassurer: J'en ai encore sous le coude et il reste quelques belles séries à saisir. Parti sur une longue droite plus creuse que la moyenne, ma Cymatic tient tête à la section sans la moindre difficulté. Profitant d'une ouverture, je tente un roller sur la lèvre à présent dressée devant moi. Mais celle-ci bascule soudain vers l'avant et son dévers, combiné à ma vitesse, me projette en un magnifique salto avant qui aurait pu rapporter pas mal de points à une compète de surf si ma tête ne s'était pas lamentablement plantée en bas de la vague avant que je n'aie pu finaliser la rotation.

Étourdi et enivré par ma "performance", je me félicite de mon choix de planche: avec la Cym', j'ai toute la portance nécessaire sous le pied arrière pour maintenir mon planning sans effort et générer de la vitesse, tout en profitant d'une maniabilité idéale pour mon niveau. Cette planche est décidément épatante! Si seulement elle était plus solide... Au bout d'à peine plus d'un an, ses rails en carton-pâte portent déjà les stigmates d'un nombre incroyable de réparations artisanales plus ou moins élégantes. A bien y réfléchir, je crois que ma prochaine planche sera une réplique en béton armé de ce modèle là.

Mais assez rêvassé, je suis là pour faire du surf! Et même si trouver les bonnes séries demande un peu de patience, il y a ce qu'il faut pour passer un agréable moment. Vague après vague, je me surprend moi-même à tenter (et réussir) des take-offs de plus en plus audacieux: dans la mousse, avec de l'écume sur le dos, sur une descente en escalier... Mon taux de réussite outrageux indique une condition physique inhabituellement bonne. Je me lève sans effort et trouve mes appuis de façon naturelle. La cure de sommeil post-fêtes de fin d'année semble avoir porté ses fruits!

Pour ne rien gâcher à mon plaisir, un longboard planté un peu a dessus de moi s'acharne à louper toutes les bonnes vagues qui passent à sa portée. Et comme personne n'ose venir se placer sous lui de peur de devoir céder priorité sur priorité, papa_école_surfeur et moi profitons sans partage de tout ce qui rentre malgré des peaks de plus en plus saturés à quelques brassées de là. D'ailleurs, pour ne pas nous laisser envahir, nous ne cessons de décaler vers le sud pour rester en marge de la foule. Seule ombre au tableau, pas d'Armorik à l'horizon, et les chances qu'il nous trouve s'amenuisent à mesure que nous nous rapprochons du mentor.

Au bout d'un moment, et afin de nous donner une chance de retrouver mon copain barbu, je déclenche un mouvement migratoire vers le nord qui nous replace au cœur du peloton. Cette soudaine augmentation de la densité de population est l'occasion pour moi de me faire une petite frayeur: alors que je viens de dropper une gauche plus haute que moi et que j'engage mon bottom, surgit soudain de la mousse en face de moi un mec chevauchant un malibu rose. Les bras battant l'air devant lui pour conserver son équilibre, les fesses tendues vers l'arrière en une posture qu'on ne retrouve habituellement que dans les blocs sanitaires orientaux, tout dans son attitude trahit son incapacité à éviter la collision. Aucun de nous deux n'est coupable ni prioritaire: la vague ferme par les deux bouts. Mais pour autant, si personne ne fait rien, le choc sera inévitable. En une fraction de seconde, je décide de m'échapper par le haut de la vague et plante mon rail pour aller chercher la lèvre le plus court possible. Mais au moment où je crois l'avoir atteinte, celle-ci se dresse soudain pour déferler. Il ne me faut pas un gros effort d'imagination pour deviner comment, emporté par cette dernière, je pourrais retomber toutes dérives dehors sur le dos de l'innocent. Mais la chance est aujourd'hui de mon côté et j'échappe de justesse au déferlement. Ma vitesse est toutefois assez élevée, et le tremplin suffisamment raide pour que je termine ma course dans les airs.

Après avoir échappé au drame, je reprends mon rythme de croisière. Papa_école_surfeur et moi alternons les vagues avec une belle régularité, à tel point qu'à une ou deux reprises, il manque de peu de me coller son take-off sur le museau tandis que je remonte au peak. En guise de vengeance amicale, je profite d'une gauche un peu molle sur laquelle je suis parti en crabe pour tenter de lui envoyer une gerbe d'eau. Une fois mon forfait accompli, je file sur la vague qui se met alors à reformer et me laisse cette fois accélérer plus sérieusement, plantant le rail en de courtes sinusoïdes. A chaque nouvelle descente, mon pied avant recule un peu plus et ma vitesse augmente d'avantage. Lorsque enfin la section s'écroule devant moi après plusieurs dizaines de seconde de glisse, j'ai assez de vitesse pour envoyer un dernier roller au cœur de l'écume. Pas de doute, cette vague là est la meilleure de la session "so far"!

Par contre, toutes ces conneries m'ont épuisé. En plus, ça doit faire environ deux heures que je suis à l'eau et il est plus que temps d'aller chercher le manger pour ma tribu. Enfin, avec la foule à présent répartie sur les différents peaks, je n'ai plus d'avantage d'espoir de trouver Armorik. Toutes ces constatations me poussent irrémédiablement vers la sortie. Une longue droite qui reforme à plusieurs reprises me laisse le temps d'aligner plusieurs longs bottoms entrecoupés de petits rollers nerveux avant de me déposer sur la plage, marquant la fin de cette très sympathique première session de l'année.

De retour dans le parking, à présent plein à craquer, je me change le plus vite possible, impatient de découvrir le contenu de la prémonition qui m'attend depuis hier soir dans sur la messagerie de mon téléphone: "Au final, on a trouvé quelques bouts à prendre... Pas si beau, pas si propre, mais la Cymatic a fait le boulot."

Dans le mille, ce mec est vraiment medium! Il faudra que je pense à lui demander tous les reports pour l'année 2020. Ça pourrait m'éviter quelques trajets inutiles...

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C
bonne année =)
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