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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Cryothérapie

Les grandes plages, 13h30.

Une chose est sûre, aujourd'hui je n'aurai pas besoin de mon casque. Premièrement parce que la houle culmine péniblement à une quarantaine de centimètres et que mon seul espoir de glisse se trouve sur le longboard que j'ai eu la faiblesse de mettre dans le coffre. Et deuxièmement parce que le casque, je l'ai déjà, greffé sous les cheveux. Rétrospectivement, c'était une mauvaise idée d'essayer de rattraper mon retard sur le challenge "deux mille vins en 2020" lors du dîner de hier soir! D'autant que je n'arrive plus à me souvenir du nombre exact de nectars que j'ai "goûté" au cours de la soirée. Résultat des courses, moi qui suis un habitué des sessions au petit jour, me voilà outrageusement tard sur le spot et avec une migraine carabinée.

Mais voyons les choses du bon côté: ce retard à l'allumage est un excellent prétexte pour me faire accompagner par ma famille, d'autant plus consentante à faire le voyage que nous retrouvons sur place les grands parents des gosses, venus participer au "premier bain de l'année" organisé par la commune d'Erdeven.

Le temps de faire le point avec mon-pote-qui-bosse-en-slip qui, lui, termine tout juste sa session "on a surfé pire", et je me change ainsi que les mômes. En père responsable, je les équipe d'un shorty 1.5mm, idéal pour une longue baignade dans de l'eau à 10°c. Conservateur, j'enfile pour ma part une intégrale. Il fait certes un temps magnifique qui me permet de laisser gants, chaussons et cagoule dans le coffre, mais faut pas déconner quand même! Pendant que mes gamins jouent à transformer leurs orteils en glaçons, je me glisse nonchalamment dans l'eau, profitant de sa fraîcheur pour me remettre les idées en place.

A quelques encablures de là, protégés par d'épaisses combinaisons orange fluo, les bénévoles de la SNSM venus encadrer l'événement (le "premier bain" hein, pas ma session...) sont en train de faire le show, enchaînant les sprints et les pompes comme s'ils allaient plonger sous la calotte glaciaire. Je trouve leur échauffement tellement ostentatoire et d'autant plus superflu que, premièrement, un nombre considérable de personnes (dont je fais partie) se sont déjà mises à l'eau le long du littoral sans faire un tel patacaisse et, deuxièmement, cette mascarade se déroule sans impliquer les participants de la baignade qui, maintenus à l'écart de la mer par un cordon de sécurité, refroidissent patiemment au vent d'hiver, vêtus pour la plupart d'un simple maillot de bain. En traçant une énième ligne sans saveur debout sur mon paquebot, je me fais la réflexion que si j'avais été inscrit à cette manifestation, j'aurais apprécié qu'il y ait une animation proposée en amont de la baignade pour minimiser le risque de choc thermique.

Autour de moi, quelques acharnés se disputent les rares séries plus hautes que la cheville. Dans mon voisinage immédiat, un type en SUP-foil enchaîne les gamelles. Le mec est équipé comme un rider de l'extrême: casque en carbone et gilet de sauvetage à cartouche de gaz, le genre de matos que je penserai à me procurer le jour où j'irai surfer Nazaré. Idem pour son pote en SUP-pas-foil, harnaché pour franchir les quarantièmes rugissants. Comme pour la préparation physique des hommes en orange, je trouve ces deux là un peu too much, eux aussi. Au contraire du type super optimiste qui vient juste de nous rejoindre avec un fish sous-dimensionné. En d'autres circonstances, j'aurais été du genre à lui tenir compagnie sur l'une de mes planches miniatures, mais mon mal de crâne a un effet plutôt dissuasif en la matière.

D'ailleurs, mon état général me décide vite à mettre un terme à cette session fade et ennuyeuse. Il est temps de ranger le longboard, de retirer la combi et d'aller tenir compagnie aux otaries qui sont à présent sur le point de se jeter à l'eau, trépignant d'impatience derrière leur cordon de sécurité. Quelques courtes minutes plus tard, me voilà donc de retour sur la plage, en moule-bite et bonnet-licorne, traversant la foule avec mon cadet sur les épaules à la recherche de ses grands parents. Le départ est donné, les courageux cavalent à présent vers l'or bleu en une foule compacte. Ils sont plus de 600 personnes à s'élancer et je désespère vite de retrouver tous les membres de ma famille dans cette cohue lorsque soudain, à quelques mètres de moi, je reconnais la feuille de vigne décorant la tenue d'Eve de ma belle-mère. Ils sortent déjà. Leur baignade fut de courte durée mais, contrairement à beaucoup de soit-disant courageux qui n'ont pas osé mouiller plus haut que les chevilles, eux ont le mérite d'avoir piqué une tête en bonne et due forme.

Après les avoir raccompagnés jusqu'au sable, je retourne tenir compagnie à mon aîné qui n'a toujours pas réussi à tomber en hypothermie. Pourtant, à présent débarrassé de ma néoprène, je réalise à quel point l'eau dissipe efficacement notre chaleur corporelle. Même avec mon épaisse couche de graisse protectrice, il ne faut que quelques minutes pour que la caresse du froid se transforme en morsure. Autant mes extrémités (mains, pieds, tête) sont accoutumés à ce traitement, autant je ne peux rester d'avantage immergé lorsque la sensation me gagne qu'on plante des poignards dans mes cuisses. Un rapide tour du propriétaire m'indique d'ailleurs que mes organes les plus sensibles sont allés chercher refuge dans la chaleur de mon ventre. Bah, c'est comme les lézards, ça repousse!

Débarrassé des dernières séquelles de ma soirée par cette séance de cryothérapie, je peux enfin rentrer chez moi, serein et apaisé, les derniers tremblements de ma grande carcasse rapidement dissipés par la chaleur des rayons du soleil qui chauffent l'habitacle de mon véhicule comme s'il s'agissait d'une serre. Un apaisement aussi relatif que passager cependant, car une fois de retour chez moi, au moment de brancher mon fidèle sèche combi, celui-ci m'adresse un "fzzzt, crrrt" sinistre avant de rendre l'âme. Un coup de froid, lui aussi? Une tuile de plus pour commencer l'année en tout cas. A moi le grand retour des combis mouillées et des chaussons qui puent. Je suis quitte pour bricoler un séchoir de fortune avec quelques tubes de bambous ikéa en attendant d'avoir un moment pour démonter ce bazar électrique.

Allez, haut les cœurs pour 2020!

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C
RIP pour le séche-combi. J'ai je crois le même que toi. C'est garanti combien de temps ce bidule ? à 150€ le gadget, cela pourrait être +fiable. Un futur article sur la réparation ? Utilises ta position d'influenceur du net pour t'en faire offrir un par Surflogic :-)
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U
Ça se tente ouais :-D