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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

J'aime pas l'été

Mon Salon, 10h du mat.

Louis Bodin est formel: une masse d'air froid venue du nord va s'installer pour quelques temps sous nos latitudes, chassant devant elle cet été indien qui n'en finissait plus de ne pas se terminer. Des températures de saison s'apprêtent enfin à mettre un terme à l'invasion des moustiques et des surfeurs estivaux. Ô joie!

C'est un fait, je n'aime pas surfer l'été. Non seulement la houle est généralement toute pourrite, mais les rares vagues qui pointent le bout de leur nez sont immédiatement saturées par des cohortes d'amateurs saisonniers inconscients, dont la plupart sont armés d'une gopro censée immortaliser leurs exploits mousseux. Pas surprenant que les rayons des magasins de sports fleurissent de planches bas de gamme et de combinaisons qui ne passeront pas la saison à l'approche du mois de juillet: Le consommateur de masse, ou plutôt la masse de consommateurs, sort de son hibernation pour recouvrir de leurs postérieurs adipeux les dunes à peine remises de leur virginité hivernale.

Bon, il ne faut pas non plus cracher dans la soupe: comme toute industrie, le surf est alimenté par la consommation. Et l'élargissement de son public permet de financer les progrès technologiques. Car oui, le surf est devenu une industrie, pour le meilleur et pour le pire. Si cette communauté n'avait jamais attisé l'intérêt financier des industriels, nous surferions aujourd'hui encore sur des enclumes en résine epoxy dotées d'ailerons "glass-on", en portant des combinaisons souples et légères comme des cottes de maille, mais chaudes comme une capote mister-freeze. Nous ne pouvons donc pas, dans le même temps, regretter le fait que le surf soit devenu populaire, et nous exciter face au catalogue firewire 2019. Par ailleurs, il convient de ne pas oublier que nous avons tous été débutants un jour, et qu'à défaut d'avoir été accueillis à bras ouverts par une communauté pour le moins hermétique, nous avons le pouvoir d'offrir à nos successeurs l'accueil que nous aurions aimé recevoir.

Néanmoins, j'estime juste d'attendre d'un nouvel arrivant qu'en échange de notre bienveillance, il fasse l'effort de se renseigner sur les règles de sécurité AVANT de se jeter à l'eau, et qu'il réfléchisse au fait que les vagues sont une ressource limitée qu'il convient de partager en bonne intelligence. Malheureusement, une trop grande quantité de consommateurs consuméristes, abrutis de discours marketing taillés sur mesure, semblent croire que le prix de leur appartement de location et du matériel flambant neuf acquis pour leurs deux semaines de vacances leur octroient le droit inaliénable de n'en avoir rien à foutre des autres.

Ce ne sont pas les débutants que j'abhorre, ce sont les cons. Et force est de constater qu'entre juillet et août, les cons se déguisent aussi volontiers en surfeurs qu'en plaisanciers ou en pêcheurs à pieds. Et où qu'ils passent, ils semblent manifester la même tendance à considérer les lieux qu'ils empruntent comme leur propriété. Alors même si c'est minable, je laisse aux autres le soin de leur expliquer, parce que j'ai mieux à faire, ailleurs, avec mes gosses.

Mais du coup, point de vue surf, c'est clair, j'aime pas l'été.

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