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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Quiver de cook

Au bureau, 16h47.

A quoi ressemble le quiver d'un vrai cook? "Montre moi ton quiver, je ne dirai qui tu es." Ce n'est sans doute pas le cas pour tout le monde, mais en ce qui me concerne, ma collection de planches définit assez fidèlement le surfeur que je suis: superficiel, consommateur et d'un niveau médiocre.

Pour commencer, elle est grande cette collection. Anormalement grande pour une personne qui ne pratique que depuis deux ans. On peut raisonnablement dire que je n'ai pas l'usage des 7 planches (8 avant que je n'en donne une à un ami) qui ornent mon garage. Cette débauche reflète mon côté matérialiste, mon désir d'avoir le meilleur matériel (certainement pour compenser mes insuffisances techniques) et ma tendance bling bling à collectionner les objets qui touchent à mes centres d'intérêts (à l'exception des femmes que je ne considère pas comme des objets, même si elles rêvent de toucher à mon centre d'intérêt).

Par ailleurs, elle est intégralement constituée de planches de grande production 100% fabriquées en chine et dépourvues d'âmes autant que de conscience économique locale. J'ajouterais même que plusieurs de ces spécimens sont clairement à contrepied des idéaux bienpensants imposés par les puristes fascisants, gourous auto-proclamés des réseaux numériques. La moitié de mes planches est en mousse, tout est dit.

Cette collection illustre enfin avec précision mon niveau de pratique et ma morphologie: on n'y trouve que des planches "faciles", relativement volumineuses, et adaptées à un débutant au gabarit solide (J'ai les os épais, comme on dit). Je vous donne, en vrac et par ordre d'acquisition:

  1. Décathlon 8' mousse (250 litres, environ)
  2. Superfrog 7' Hydrofish (50 litres)
  3. Firewire 5'10" Evo (39 litres)
  4. Décathlon 5'8" fish mousse (42 litres?)
  5. Torq 9' longboard (70 litres)
  6. Décathlon 6' "performance" mousse (46 litres)
  7. Softech 5'2" Mystery box (39 litres)
  8. Superfrog 5'10" Bean (43 litres)

Ce quiver s'est constitué en deux étapes: une première phase de craquage total dite "du n'importe quoi" au cours de laquelle, enivré par mes premières glisses, j'ai accumulé cinq planches en moins d'un mois et demi, suscitant l'inquiétude justifiée de mes proches quand à ma santé mentale. puis une phase moins compulsive étalée sur les deux années restantes.

J'aime toutes mes planches à leur façon: du Knacki à qui je dois mes premières mousses (c'est comme ça que j'appelle la 8' décathlon, en référence à sa légendaire souplesse longitudinale) à la Mystery Box qui m'a sauvé de la mort dans bien des sessions craignos. J'utilise aujourd'hui principalement mes 5'10 lorsque les conditions le permettent, et la 7' reste toujours en backup au cas où la houle mollirait, mais il n'est pas rare que je dépoussière une autre planche simplement parce que... pourquoi pas.

Cela dit, comme dans tout harem, il y a une favorite. Et même les moins perspicaces d'entre vous auront deviné qu'il s'agit de l'Evo, véritable tapis volant, maniable comme un skate, et qui permet même à un type aussi mauvais que moi de faire péter une gerbe de flotte de temps en temps sur un roller un peu poussif.

Et évidemment, il y a les "j'aurais pas dû". Celles qu'on aime uniquement parce qu'elles nous font apprécier les autres. Vous en avez tous surfé une un jour, lors d'un surf trip au maroc où vous n'aviez plus un dirham pour louer une planche. Le mec vous a pris en pitié et est allé chercher un invendu dans la poubelle de l'arrière boutique pour vous refiler de quoi flotter. Vous voyez? Oui, celle-là. Et bien moi, je l'ai achetée! Plusieurs fois!!!

Contrairement à ce que vous pourriez croire, la 8' décathlon n'est même pas dans cette liste. A défaut d'être une bonne planche, elle n'affiche aucune autre prétention que de flotter assez longtemps sur l'écume pour laisser à votre belle-soeur une chance de se mettre debout. Non, la vraie "j'aurais pas dû", c'est la planche qui vous a fait croire qu'elle avait du potentiel, mais qui en réalité ne vaut pas mieux qu'un Knacki taillé en pointe. Et dans cette catégorie, nous avons deux sérieuses candidates.

La Décathlon 6' "performance" est celle des deux qui pète le plus haut par rapport à son cul. Planche "destinée aux surfeurs expérimentés" (d'après le fabricant) dotée d'une carène alvéolée qui semble sortie des ateliers de la NASA, façon manteau en peau de flipper, et d'un stringer en bois de polyuréthane doublement renforcé par une avalanche de schémas techniques pleins de termes compliqués, on devine en parcourant sa fiche marketing qu'elle a le potentiel de vous décrocher un titre mondial à la WCT. Et même si son shape de suppositoire (on parle bien de "shape": il y a quand même un mec qui a eu les couilles d'associer son nom à ce qui était probablement à l'origine une tâche de vinaigrette sur un coin de nape... Ou une tâche de sperme sur un pyjama trop serré) même si son shape, disais-je avant d'être assez grossièrement interrompu par moi-même, de godemichet peut susciter la curiosité, notre attention sera néanmoins retenue par de menus détails tels que les inserts de dérive "FCS" posés sous la planche (oui, "posés"... Genre ils dépassent de la carène, pour un profil hydrodynamique du plus bel effet) ou encore l'absence de rail, le dessus et le dessous de la planche se rejoignant en dessinant la forme d'une faille spatio-temporelle; détails donc qui sèment dans l'esprit de l'observateur attentif les graines du doute. Sur l'eau, le verdict est sans appel, impossible de pomper sans plier la planche en deux, et les sensations sur le rail sont aussi diffuses que sur une bouée licorne (nous y reviendrons dans un futur billet).

Quand à la Décathlon surf 100 5'8", elle mérite notre respect. Malgré le fait qu'elle n'affiche aucune ambition, elle arrive quand même à faire pire. Un outline improbable à mi-chemin entre le retro-fish et la pelle à neige. Un rocker de babouche fantaisie (celle avec les grelots au bout, que vous aviez hésité à acheter au bazar juste derrière le surf shop où le mec avait eu pitié de vous). Et surtout, surtout... des dérives positionnées aléatoirement, genre OSEF total "on a choisi l'emplacement en jouant aux fléchettes, c'est mon neveu de 3 mois qui a lancé le premier." Et vous savez c'est quoi le pire dans cette histoire? Je me suis tapé des délires monstrueux avec cette merde, j'ai même vu un pote sortir du tube avec (bon, le mec pourrait surfer Teahupoo avec une porte de garage, mais quand même!). Bref, cette "j'aurai pas du" est l'arme ultime pour aller jouer les cooks au milieu d'un spot surpeuplé, et rien que pour ça, je crois que je ne m'en séparerai jamais... 

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