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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Faux départ

Mon lit, 5h25.

Une lumière clignotante me tire de mon sommeil. C'est le réveil de mon téléphone qui, pour une raison inconnue, ne fait pas d'autre bruit que celui du vibreur. J'aurais pourtant juré de ne pas l'avoir mis en mode silencieux! Un rapide coup d'oeil chiasseux sur l'écran me confirme que j'ai 25 minutes de retard sur le planning. Si ça se trouve, je ne serai pas le premier à l'eau! Je bondis de mon plumard avec la souplesse d'un gymnaste et me faufile dans mon camion sans prendre le temps de m'habiller. En posant mes fesses nues sur le tissu brûlant du siège de mon véhicule, je repère dans le rétroviseur mon fils ainé qui attend en jouant sur sa console. Je le renvoie illico dans sa chambre en lui faisant promettre de ne pas réveiller sa mère à grand renfort de menaces de privation vidéoludique. Le moteur tourne déjà, je n'ai qu'à passer la première pour me téléporter de l'autre côté du portail. Sur la route, une douce torpeur m'envahit. Mes paupières sont lourdes. Je m'offre un petit somme en attendant que le camion arrive tout seul à destination.

Mon lit, 5h.

Une sonnerie me tire de mon sommeil. C'est le réveil de mon téléphone que j'avais programmé de sorte à être le premier à l'eau. En essayant de décoller mes paupières, je me remémore mon rêve. C'est marrant, c'est la première fois que je rêve que je me réveille! Il faudra que je m'en souvienne de celui-là. J'enfile vite fait un slip et mon peignoir avant de monter dans le camion qui tourne déjà. En posant mes fesses à moitié habillées sur le tissu tiède du siège de mon véhicule, je repère dans le rétroviseur mon chien qui attend en jouant sur sa console. Je le renvoie illico dans sa chambre en lui faisant promettre de ne pas réveiller ma mère à grand renfort de menaces de privation vidéoludique. Avant même d'avoir passé la première, une douce torpeur m'envahit. J'irai surfer un autre jour. Je m'offre un petit somme en attendant qu'il soit l'heure d'aller au boulot.

Mon lit, 4h57.

Je me réveille dans le silence et l'obscurité de ma chambre en essayant de raccrocher les wagons. C'est marrant, c'est la première fois que je rêve d'avoir rêvé de m'être réveillé! Il faudra que je m'en souvienne de celui-là. La confusion dissipée, je jette un coup d'oeil merdeux sur le cadran de mon téléphone. Mon organisme s'est mis en marche tout seul trois minutes avant la sonnerie du réveil, que je coupe pour ne pas déranger ma femme. C'est marrant ce phénomène: quand on s'endort en voulant se réveiller à une certaine heure, on se réveille trois fois sur quatre une minute ou deux avant l'alarme. Bref, je m'habille avec de vrais vêtements avant de monter dans le camion qui ne tourne pas. En posant mes fesses complètement habillées sur le tissu froid du siège de mon véhicule, je vérifie dans le rétroviseur: personne ne joue à la console. J'ai l'impression que cette fois c'est la bonne, il n'y aura pas d'autre réveil aujourd'hui.

En arrivant à la guérite, le parking est presque complètement désert à part un tube VW vert à fleurs immatriculé en Allemagne. Son (ou ses) occupant(s) ne sont manifestement pas réveillés et le check confirme que je serai bel et bien le premier à l'eau. Il n'y a pourtant pas de quoi s'emballer: comme l'avait prédit mon expert météo la veille, le vent est tombé trop tard et la houle n'a pas encore eu le temps de se caler. Il y a quelques gros morceaux à passer, mais dans l'ensemble c'est plutôt brouillon. "Enfin, ça ne peut pas être pire qu'en Irlande" me dis-je, comme pour justifier ma présence.

Une fois n'est pas coutume, je sors la Cymatic malgré la mollesse évidente des vagues. A défaut d'être la planche la plus adaptée pour les conditions du jour, c'est celle que j'ai envie de surfer aujourd'hui, tout simplement. Les vagues ne sont pas puissantes, mais une période très courte rend l'accès au large sportif: avec un canard toutes les 6 secondes, il ne reste plus beaucoup de temps pour ramer. Et même si la mousse ne me fait reculer que de quelques centimètres, cela suffit à anéantir mes efforts à la moindre erreur. Je m'extirpe néanmoins de la zone blanche à la faveur d'une accalmie pour aller me poser là où commence ma longue attente d'une vague potable.

Armé de patience, je tente ma chance sans grande conviction sur quelques pentes de passage, mais aucune ne m'offre plus de quelques secondes de glisses. Pour en rajouter à la difficulté, je me sens moi même en toute petite forme. Fatigue? Petit dèj' trop lourd? Quelle que soit la cause, je surfe objectivement comme une merde. Lors de mes take-off backside, je termine une fois sur deux à pieds joints sur le pad arrière faute de trouver l'énergie et la souplesse pour aller poser le pied avant entre mes mains. Dans mes pires moments, je tend même les jambes trop tôt et me retrouve les fesses en l'air et les mains collées sur le pont. La grosse classe.

Après une grosse demi-heure de loose, un surfiste mal avisé vient partager ma souffrance. Cependant, au lieu de venir se coller à moi comme le voudrait la coutume, celui-ci file se mettre à l'eau de l'autre côté de l'entrée du parking! Mais que se passe-t-il? Mon sex-appeal en est-il justement à court (de piles)? J'essuie l'affront de son non-squattage avec une certaine amertume et hésite même un instant à aller lui coller aux basques, histoire de lui faire regretter d'avoir résisté à mes charmes. Heureusement, le courant et le hasard de nos vagues respectives se chargera vite de resserrer nos liens.

Le nouvel arrivant n'a pas beaucoup plus de chance que moi malgré son mini-mal, ses take-off se comptent sur les doigts d'une main. Quelque part, ça me fait du bien de voir que je ne suis pas le seul à galérer. Enfin, il ne faut pas trop noircir le tableau: depuis ma mise à l'eau j'ai quand même chopé quelques belles cartouches. Mais aucune vague n'a été assez longue ou creuse pour tenter une figure. J'ai dû me contenter de quelques descentes au cours desquelles je n'ai rien pu faire d'autre qu'accélérer pour ne pas me faire bouffer par la section et/ou rattraper la reforme avant de me faire scotcher sur le plat. Bref, une session très bof bof malgré un bon potentiel météorologique.

Il doit être dans les 8h. Le soleil est suffisamment haut dans le ciel pour devenir carrément éblouissant, de même que son reflet qui tombe pile au mauvais endroit. Ça devient carrément impossible de regarder en direction de la plage. Et comme mon état physique ne s'arrange pas, je décide de jeter l'éponge. A côté de moi, mon compagnon d'infortune a changé: ses cheveux ont blanchi et il arbore désormais une large tonsure au sommet du crâne... A moins que ça ne soit plus le même bonhomme. Difficile à dire, la luminosité rend impossible toute surveillance des allées et venues dans le parking. Peu importe, de toutes façons ma session est terminée. Une backside presque potable et deux luges plus tard, je suis de retour au quivermobile.

Sur la route du bureau, la fatigue et la chaleur de l'habitacle me plongent dans une douce torpeur. Et si tout cela n'était qu'un rêve duquel je suis sur le point de m'éveiller?

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