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Surf loose report

Chroniques de la loose surfistique ordinaire

Recentrage

La guérite, 13h.

Depuis quelques mois, il m'avait été reproché à plusieurs reprises une diminution significative du niveau de loose dans mes récits susceptible de provoquer l'ennui chez les plus merdophiles de mes lecteurs. Or, à la simple vue des conditions du jour, je sais déjà que mon prochain article renouera avec l'esprit originel d'un blog dédié aux pires moments du surf.

Une semaine... Une semaine que je n'étais pas allé me dégourdir la couenne sur une planche! Même le bodyboard apporté à l'arrache pour mon weekend en famille Bellilois n'avait pas trouvé la moindre opportunité de toucher l'eau, faute de houle. Autant dire qu'en me levant ce matin, j'avais la dalle. Et les prévisions pas franchement excitantes mais "potentiellement exploitables" du jour avaient suffit à me faire charger l'Evo dans le pot de yaourt prêté par le garage en attendant que mon quivermobile soit guéri.

Retardé par l'inaptitude de mes collègues américains à intégrer les concepts les plus élémentaires, je quittais le bureau en retard après avoir rédigé un long et énième mail explicatif (dont je savais hélas qu'il ne servirait à rien), alors que le vent de son côté s'était mis à tourner avec une heure d'avance sur le planning. Au lieu de profiter du seul créneau théoriquement propre de la journée, je me mettais donc en route, selon toute vraisemblance, pour aller surfer du clapot. "Enfin, ça ne peut pas être pire qu'à Carrownisky!" lançais-je au moment de mettre le contact.

En arrivant en haut de la dune pour checker les conditions réelles, je ne peux que me rendre à l'évidence: J'avais tort. C'est largement pire qu'à Carrownisky. Une vingtaine de centimètres de clapot même pas foutu de déferler s'allonge mollement sur le haut de la plage. De loin en loin, j'aperçois quelques débutants courageux en route vers leurs parking respectifs, leur knacki en mousse sous le bras. Qui sait s'ils ont eu quelques vagues potables avant mon arrivée? Une seule chose est sûre, ils jettent à présent tous l'éponge face à l'état déplorable du plan d'eau.

A ce stade, il paraît évident qu'une personne sensée dont l'unique planche mesure 5'10" pour un volume total de 39 litres aurait fait demi-tour et serait allée se faire une pizza bien au chaud. Sauf que non. Que cela soit à cause de la dalle, de l'envie de ne pas avoir fait la route pour rien, de l'éventualité qu'il n'y aura de toutes façons pas mieux dans les semaines à venir, ou, pire encore, de ce sentiment pervers et maléfique que l'on nomme l'espoir (celui que la situation s'améliore, celui de choper une seule vague potable, celui de passer un moment agréable...), me voilà en train d'enfiler ma combi au cul de la twingo COMME UN GROS CON.

Et je pèse mes mots. Parce qu'il fallait vraiment être le dernier des abrutis pour croire une seule seconde que cette session allait donner autre chose que de la merde en boite. Enfin bref, me voilà déguisé en surfeur au moment où la dernière bagnole quitte le parking de dépit. Et là, premier effet kiss kool: je réalise que je n'ai à ma disposition qu'une unique clef électronique pour fermer mon véhicule de prêt, le genre qui ne survivra pas à une baignade. Et il est hors de question que je laisse la clef sur l'amortisseur dans un parking désert, encore moins si mon portefeuille est à l'intérieur. Pris de court, j'opte pour la première solution qui me vient à l'esprit: emporter mes affaires avec moi, comme le ferait n'importe quel plagiste, pour les garder en vue. J'utilise ma bassine comme contenant, avec à l'intérieur: ma serviette sèche et mon manteau (sec, lui aussi), lequel contient les susdites clefs.

La sess... séance de torture commence. Rapidement, je me sens en danger imminent de mort par ennui. Au cours du premier quart d'heure, mes efforts pour déclencher un planning ne sont récompensés que par une luge dans la mousse et un take-off à l'arrêt. Pire, mes coups d'oeil incessants en direction de la plage me permettent de rater la seule opportunité probable de glisse. Non seulement je ne m'amuse pas, mais en plus je suis angoissé à l'idée qu'un promeneur mal intentionné m'emprunte mon manteau et/ou ma serviette.

Pendant que je rumine les pires scénarios catastrophe à base d'usurpation d'identité, de vol de voiture d'emprunt et autres interdits bancaires, la pluie s'invite à la fête. D'abord légère, elle se met à tomber de plus en plus dru, vidant la plage de ses derniers occupants. "Au moins comme ça, plus personne ne s'approchera de mes affaires... MERDE, MES AFFAIRES!"

Rejoignant le bord au pas de course (il eut été présomptueux de croire une seconde qu'une quelconque vague allait m'aider dans cette entreprise), je me précipite sur ma bassine dans laquelle baignent à présent ma serviette qui n'est plus sèche et mon manteau (qui n'est plus sec, lui non plus). Dans un geste de désespoir, je retourne cette dernière pour transformer le contenant en abri, renversant par la même occasion sa cargaison d'eau de pluie sur les derniers centimètres carrés de tissu sec à présent étalés sur le sable. Ça, c'est cadeau.

De retour à l'eau, les choses ne s'améliorent pas. Aveuglé par une pluie à présent battante, je continue de manquer les rarissimes opportunités qui se présentent à moi. En d'autres circonstances, j'aurais au moins pu profiter d'une bonne baignade mais à l'idée de ne plus avoir de quoi me sécher en sortant, le coeur n'y est pas. Après une bonne heure supplémentaire de ce traitement, et guère plus de deux vagues prises debout (et dans la mousse), je me décide enfin à laisser tomber cette putain de session de merde.

Faute d'avoir de quoi la rincer dans le parking, j'entreprends d'enlever ma combi dans la flotte pour éviter de foutre du sable plein la bassine. D'une main, j'essaie maladroitement d'empêcher ma planche de partir s'échouer toute seule pendant que de l'autre je tire sur l'épaule de ma front-zip. Une fois la combi aux chevilles, et après avoir reçu une bonne douzaine de coups de rail dans les tibias, je m'appuie sur la board pour libérer mes pieds. De façon assez prévisible, celle-ci se met à couler et je me casse la gueule à poil dans l'eau gelée. Qu'à cela ne tienne, je n'aurai qu'à me sécher avec ma serviette mouillée et pleine de sable...

Après m'être bien frotté dans ma serviette, façon peeling au papier de verre, me voilà avec une tronche de poisson pané, cherchant un moyen de me débarrasser du sable à présent collé à ma peau moite pour éviter de pourrir la twingo. Pour couronner le tout, une vilaine crevasse au pied m'interdit de porter mes tongs pendant quelques semaines. Je vais donc également devoir me démerder pour enfiler une paire de chaussettes et des baskets dans ces conditions. Repérant une flaque laissée par la pluie, j'entreprends d'y rincer mes pieds avant d'opérer un transfert sans escale flaque=>chaussette=>chaussure. Le premier appendice transite sans accroc. En voulant rincer le deuxième, je m'approche trop près de la flaque, et ma semelle trouée laisse passer l'eau que la chaussette qu'elle était supposée protéger s'empresse de boire. Mon pied chaussé fera "floc floc" jusqu'à ce que j'atteigne mon chez moi.

Habillé tant bien que mal, déprimé par cette session de merde et l'état de la voiture, qu'on pourrait y loger une famille de palourdes malgré mes efforts sincères pour la préserver, je passe à deux doigts de ne pas voir le SMS m'annonçant que les réparations de mon quivermobile avaient pris du retard et que je ne le récupérerai pas avant deux bonnes semaines.

"Surf loose report" c'est ça? C'est bon, on est dans le thème...

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A
Ah? Mc do a porter plainte ?? :-)))<br /> Ton dernier post a disparu
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U
Bref, merci de me avoir signalé
U
Depuis qu'ils ont fait une "mise à jour" de leur site, tout part en couille, je perds mes articles, etc... Celui là était repassé en tant que brouillon!
U
Putain!!!
A
Porté grrr maudit correcteur
A
En même temps personne pour te taxer le clapot ;-) <br /> Ça risque d’être bcp moins le cas sur les potentiels créneaux futurs qui se dessinent .... tout le monde va avoir faim après la disette
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A
Ah j ai pas appuyer sur le bon bouton répondre :-)
U
On n'est plus très loin du break estival. Le moment où je range la planche dans le garage en attendant fin septembre.
C
Haha pardon , mes sincères condoléances elle était bien merdique celle là !<br /> Je suis parti avec tout mon matos de surfiste en vendée et les conditions sont aussi pourrie ici. je compatis, j'hésiterai presque à allez me faire un reef à marée basse ...
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A
Oui, oui, oui... ça c’est ce qu’on dit mais si par hasard de superbes conditions arrivent je serais curieux de savoir si ta planche resterait longtemps au garage ;-)
U
I feel you bro. J'ai vécu la même chose, mais en irlande au lieu de la vendée.
C
Aïe, aïe aïe...<br /> Oui, tout va bien. Tu vas t'en remettre...<br /> Nous compatissons.
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D
Merci, cela fait du bien t'entendre les fondamentaux.<br /> Tout va bien on est ensemble....
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